Depuis près de 30 ans, le Cameroun n'a plus connu une exécution de la peine de mort. Pourtant loin d'être tombée en désuétude, la condamnation à mort reste en vigueur.
Dans le cadre de la prolongation des activités de la 16ème Journée mondiale contre la peine de mort célébrée sous le thème « Les conditions de vie dans le couloir de la mort », le Réseau des avocats camerounais contre la peine de mort (RACOPEM) continue sa mobilisation auprès des autorités camerounaises pour l’abolition pure et simple de la peine capitale.
Ce réseau indique que 225 personnes sont condamnées à mort au Cameroun. Sur la base de ces chiffres, le RACODEM souligne que la région de l’Extrême-Nord compte 117 détenus condamnés à la peine capitale. Il s’agit essentiellement des membres de la secte terroriste Boko Haram qui a commis beaucoup d’atrocités dans cette partie du pays au cours des cinq dernières années aussi bien à travers des incursions armées qu’à travers des attentats suicides.
Une situation qui fait «du Cameroun le 5ème pays dans le monde en terme de condamnation à la peine capitale», a déploré Me Nestor Toko, président du RACOPEM.
Bien que le Cameroun n’ait pas connu d’exécution des condamnés à mort depuis 1997, ces associations de défense des droits humains se mobilisent pour l’abolition pure et simple de la peine de mort.
A cet effet, l’association Justice impartiale créée en 2014 vient à de lancer le projet « Education des jeunes à l’abolition de la peine de mort au Cameroun ». visant à impliquer les jeunes dans la mobilisation de lutte contre la peine capitale.
19 pays africains ont aujourd’hui aboli la peine de mort. Le Cameroun qui compte un grand nombre intellectuels au monde ne l’a pas encore fait. Selon Transparency International, il faut absolument que le Cameroun suive, montre la voix pour abolir la peine de mort.
Au Cameroun, les mécanismes en matière des droits humains établissent catégoriquement que les tribunaux militaires ne doivent pas être autorisés à prescrire la peine de mort. Le comité des droits de l’homme des Nations unies a quant à lui indiqué que «dans le cas de procès qui aboutissent à une condamnation à mort, le respect scrupuleux des garanties d’un procès équitable est particulièrement important» et que toute condamnation à la peine capitale prononcée à l’issue d’un procès inique constitue une violation du droit à la vie et à un procès équitable».
«La peine de mort dans notre Code pénal, est une sanction. Et cette sanction est prononcée par les juridictions. C’est ce que prévoit la loi. S’agissant d’une sanction, je ne sais pas si elle est rétrograde ou si elle ne l’est pas. Dans notre société, on donne toujours l’impression que les droits de la défense sont supérieurs au droit du pays», a justifié le ministre de la Justice Laurent Esso lors d’une communication gouvernementale en 2016.
«Dans le Code pénal, la peine de mort concerne l’assassinat essentiellement. Vous avez, c’est vrai, une loi contre le terrorisme, mais elle est spéciale. Je ne vois pas en quoi cette loi est rétrograde. Si on ne prononce pas cette sanction, qu’est-ce qu’on en ferait donc ? Il y a l’emprisonnement à vie ; tout le monde a droit à la liberté. Donc, les juridictions ne seront pas en mesure de prononcer une peine d’emprisonnement puisque c’est une privation de la liberté. Et la liberté est considérée comme étant une valeur.
A quoi serviraient donc les juridictions qui ne peuvent pas prononcer les sanctions prévues par la loi pénale ? La sanction a ce que l’on appelle un caractère dissuasif», analysait alors le Garde des Sceaux.
Otric N.