Résolution prise par le Bureau exécutif national du Syndicat des enseignants du supérieur (BEN-Synes) au cours d’une session ordinaire tenue le 15 janvier dernier. En effet, les membres arguent que le Ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup) n’applique pas à la lettre les textes régissant la gestion du Fonds spécial d’appui à la modernisation de la recherche universitaire créé par le président de la République en 2009.
Dans sa résolution, le BEN-Synes « invite les enseignants de toutes les universités d’Etat à procéder à une cessation d’activités d’enseignement du lundi 25 janvier au samedi 30 janvier 2021 ». Le syndicat indique tout de même, qu’il ne s’agit que de la première phase constituant une grève d’avertissement. Selon le secrétaire général de l’organisation syndicale, Blaise E. Mtopi, il est également déploré : « la dégradation générale des conditions de travail sur les campus des huit universités d’Etat ».
Des arguments qui masquent abondamment les efforts du Gouvernement au profit de l’enseignement supérieur. « Nul n’ignore l’épaisseur du travail abattu par le chef de département de l’Enseignement supérieur pour améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants-chercheurs », indique Jean-Paul Mbia, chef de la cellule de communication du Minesup.
Le BEN-Synes dénonce en outre, le non-paiement de certaines prestations dues aux enseignants, à l’instar des frais générés par les heures de cours supplémentaires, l’encadrement des thèses ou l’intervention dans les jurys de soutenance.
Certains étudiants
Pour certains étudiants, cette grève annoncée des enseignants est un engagement dont ils ne cernent pas le fondement. Un étudiant de l’Université de Yaoundé II-Soa se lamente, « Beaucoup d’enseignants ne respectent pas leurs quotas horaires ou brillent par leur absence aux cours, se contentant de vendre des polycopiés aux étudiants ». « S’il y a des enseignants qui encadrent bien leurs étudiants inscrits en thèse, ils sont aussi nombreux qui les rencontrent une ou deux fois et les laissent ensuite se débrouiller presque seuls », note un autre étudiant de Master dans cette université.
Voies de dialogue
Le BEN-Synes, qui dit avoir épuisé toutes les voies de dialogue pour obtenir le paiement de ces frais et de la 4è tranche de la prime spéciale de la modernisation de la recherche universitaire. Un assistant perçoit trimestriellement 385 000 FCFA, un chargé de cours 680 000 FCFA, un maître de conférences un peu plus de 860 000 FCFA et un professeur 1 000 000 FCFA, au titre de la prime à la recherche.
Des versions que Jean-Paul Mbia valide pas. « L’allocation à la modernisation de la recherche scientifique est un acte souverain, voire souverainiste, du président de la République. Cette décision régalienne dure depuis huit ans et les fonds ont toujours été virés à date à tous les 6200 enseignants-chercheurs que comptent les huit universités d’Etat », explique-t-il. Le chef de cellule de la communication du Minesup rappelle par ailleurs : « les fonds sont domiciliés au ministère des Finances. Dans la procédure de paiement, les universités publiques envoient les listes des enseignants qui sont acheminés par le Minesup au ministère des Finances pour paiement ». Le responsable poursuit en soulignant que, « ce département ministériel de souveraineté fait face à des contraintes budgétaires, et donc à des arbitrages substantiels en ce début d’année 2021 ». Ce qui explique le déblocage, début 2020, de la somme de plus de 3 milliards FCFA pour le compte du 4è trimestre 2019.
Jean-Paul Mbia assimile le mot d’ordre de grève émis par le BEN-Synes à « un acte antipatriotique et antirépublicain ». Il assure d’ailleurs que tout est mis en œuvre pour un paiement de l’allocation de la recherche dans de brefs délais. Et que les autres frais seront payés conformément aux usages en la matière.
Innocent D H