L’on a commémoré il y’à peu, la journée internationale de l’enseignant. A cet effet, nous avons tendu notre micro à l’un des anciens camarades de classe du candidat Cabral Libï qui a suivi les traces du père de celui qui est considéré comme un modèle politique par la jeunesse camerounaise aujourd’hui. Suivons le dans cet entretien
Pouvez vous en quelques mots, nous dire qui vous êtes?
Bonjour je suis un jeune Camerounais et fier de l'être. Quand je naquis, mes parents trouvèrent bon de me donner le nom de Gabriel MEM
Depuis combien de temps exercez vous le métier d’enseignant?
Le métier d'enseignant est très noble. Même si certaines personnes dans ce pays prennent cet ingénieur de la poudre blanche comme un dindon de la farce. Ce métier je l'ai exercé d'abord en tant que bénévole, et pendant huit ans, j’ai contribué à former l’élite dans ce pays. Aujourd’hui, en tant que professionnel, je continue le même exercice après ma sortie de l’école.
Quelles ont été les raisons qui ont motivé votre choix?
J'ai par le passé admiré plusieurs faiseurs d'esprits quand nous étions encore élèves et plus tard étudiants. Au rang de ceux là, figure en bonne place M. Paul NGUÉ NGUÉ le père de Libï Li Ngue Ngue Cabral, qui a su susciter en nous, l'amour et la passion des belles lettres. C'est un morphème de la langue de Molière. Je citerai aussi messieurs Pierre Rodolphe EKAM, Jean Bernard ANYA, Philippe djekalag et bien d'autres.
Ce qui m'a fortement marqué c'est le charisme, l'amour du travail bien accompli, et surtout la joie de former les citoyens en leur transmettant le savoir vivre, le savoir et le il savoir être. Si je n'avais été enseignant, je serais certainement un professionnel de la communication. Car pour moi transmettre est la meilleure des choses qui puisse exister.
Vous avez celebré il y’a quelques jours, la journée internationale de l’Enseignant. Que pensez-vous du thème retenu cette année?
Heureusement que vous levez très bien l'équivoque en parlant de la journée. Il faut à priori signaler que cette année, cette commémoration coïncide avec le 70 ème anniversaire de la déclaration des droits de l'homme.
Pour revenir au thème, disons qu'il est très révélateur. Quand nous parlons d'une éducation de qualité, et d'un enseignant bien formé, il faut tout de suite battre en brèche les différentes écoles de formation qui nous ont moulées. L'adage est bien connu de tous." qui cesse d'apprendre doit cesser d'enseigner ". Il est donc question d'une formation continue pour quiconque veut rester crédible. Il faut participer aux différents colloques et séminaires, exploiter les outils de communication moderne, créer un climat de convivialité au sein de votre institution. Être ce trait d'union entre l'apprenant et la société. Être capable de recevoir des critiques constructives, ne pas se prendre pour le nombril du pape.
Quels sont d’après vous, les difficultés auxquelles font face les enseignants?
Dans ce pays, les enseignants sont marginalisés, sont considérés comme les derniers de la classe. Tenez! Tout commence avec l'entrée à l'ENS pour ceux qui ont la grâce et le privilège d'être retenus. Comment comprendre que l'élève-enseignant ait tous les soucis du monde pour joindre les deux bouts alors que son ami, son voisin d'à côté dès le premier jour est à la solde de l'État ? Quelle est cette justice à géométrie variable ?
L'enseignant dans ce pays est relégué au dernier plan alors que tout le monde sort de son moule, avant d'appartenir à une strate sociale. Le reste de souffrances ne sera qu'une suite logique. C'est tout le monde qui manque de respect à ceux qui forment les esprits. Comment comprendre qu'un parent convoqué à l'établissement pour le suivi de sa progéniture à une date précise choisisse lui, la date qui l'arrange ? Dans ce pays, on demande à un enseignant sorti directement de l'école de rejoindre son poste d'affectation, d'y rester et de produire les résultats escomptés par le politique, sans se soucier de ce dernier qui passe des années sans salaire, sans même frais de relève. L'enseignant camerounais est un paillasson national. Traité de tous les noms d’oiseaux, le pauvre regarde uniquement vers les cieux d'où lui viendra le secours.
Un autre problème que vivent les enseignants et surtout les chefs d'établissements comme en cette rentrée scolaire, est le harcèlement. C'est Monsieur tout le monde qui vient avec des recommandations pour avoir une place sans se soucier des pédagogues qui sont en poste.
Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontés, depuis que vous exercez?
Les défis sont énormes. Mais par la grâce divine, nous faisons les efforts pour que tous les citoyens soient formés, à la limite de nos moyens. Car nul ne saurait être plus royaliste que le Roi. Les parents en particulier et la société en générale doivent jouer franc jeux pour qu'ensembles, nous surmontons les obstacles et formons dans la dignité la future élite de ce beau pays. En clair, chacun doit jouer son rôle.
Quelles peuvent être les pistes de solutions pour que l’enseignant sorte de la précarité?
Le chapelet est égrèné tout le temps. Je ne sais pas vraiment s'il faille encore en parler. Les syndicats, les associations d'enseignants en font état sur tous les plateaux, sur toutes les plateformes. Le politique doit se décider et mettre l'enseignant là où il doit être. Prendre en solde dès son entrée à l'ENS, tout élève professeur, l'accompagner dans sa fonction, avec tous les moyens nécessaires.
Pour ce qui est de nos collègues, non reconnaissons que l'État a amélioré leur condition, en les intégrant après un temps bien précis. Je ne voulais pas prononcer ce nom, mais il faut reconnaître que le travail abattu par les vacataires dans les établissements est énorme. Le gouvernement doit réagir promptement.
Au début de cette année, il y’a eu de vives discussions concernant certains manuels scolaires. Quel est votre avis sur la question?
À ce niveau, il faut d'abord saluer la très courageuse décision de M. le Premier ministre de revenir au manuel unique. Vous et moi, avons dans un passé pas lointain utilisé les manuels uniques. Les grands gagnants ici sont les parents qui désormais, font des économies énormes pour une durée bien déterminée, les élèves ensuite qui voient le poids de leur cartable réduit au maximum.
Quant à la querelle sur certains ouvrages et manuels c'est le fruit de tropicaliser à tout prix et par tous les pris ce qui est occidentalisé. C'est parce que chez nous, on veut copier et coller bêtement ce qui se fait de l'autre côté de la méditerranée.
Certains pédagogues vous disent qu'ils utilisent ces manuels depuis. Mais on ne pouvait pas avoir cette vision si on avait continuer avec une multitude d'ouvrages.
Nous sommes en pleine période électorale. Quelles sont vos attentes vis à vis du vainqueur de cette élection présidentielle?
La politique et le politique doivent se mettre de côté et arrêter d'influencer les autres secteurs, surtout celui de l'éducation qui est hyper sensible.
Tous les pédagogues ne demandent qu'une seule chose : la revalorisation de la profession enseignant. Avant d'être président ou je ne sais trop quoi, on passe par l'enseignant. Il donner du sourire et non de l'espoir aux formateurs d'esprits. Que le politique se souvienne de la condition de celui qui l'a moulé, de celui qui l'a forgé, de celui qui lui a appris à écrire son nom, à calculer.... Que les instituteurs sortis de nos écoles soient intégrés sans autre forme de procès. Que les responsables dans nos établissements aient un confort leur permettant de travailler dignement. L'établissement scolaire doit être respecté par tous.
Au demeurant, le politique doit connaître que sans l'éducation, sans l'école, sans la valorisation de la question de ce noble métier, le pays continuera sa descente aux enfers. Que le politique remette au goût du jour, l'instruction civique et la morale. Que Dieu veuille sur le Cameroun et qu'il le bénisse en l’éloignant du spectre ivoirien.
Un dernier mot?
Merci de vous intéresser aux pédagogues car entre éducation et communication, le fossé n'est pas grand.
Entretien mené par Nicole Ricci Minyem