A la surprise générale, le Chef de l'État a procédé à un remaniement de faible amplitude de son gouvernement. Ce qui a surpris plusieurs analystes politiques qui n'arrivent pas à coller cet acte à la volonté déclarée de Paul Biya à aller vers le changement et la réussite du relèvement économique du pays.
Paul Biya est définitivement imperceptible, imprévisible. Même autour de son cercle restreint, ils sont nombreux qui ne savent plus comment plaire au prince. Et l'acte posé ce 04 janvier fait parti de ces éléments qui continueront de nourrir la légende Paul Biya. Alors que tous les spécialistes prédisaient un chamboulement total de l'équipe gouvernementale, le Chef de l'État n'a touché que 20% de l'ensemble des ministres et assimilés. Une amplitude tellement en deçà des attentes qu'il n'est pas évident de comprendre le pourquoi de ce choix.
Mais avec un peu de recul, on peut reconsidérer un certains nombre de clé de lecture, afin de comprendre les actes et les intentions du Chef de l'Etat. Et si Paul Biya préparait de la sorte la double échéance des législatives et des municipales ?
La situation politique dans laquelle se trouve le président du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) n'est pas des plus reluisantes. Paul Biya sort d'une élection présidentielle où il a dû batailler dur sur le terrain pour rivaliser d'adresse face aux jeunes loups aux dents bien longues que sont les partis politiques en cours d'émergence. Notamment, le MRC et le parti Univers.
Au rang des défis auxquels le Chef de l'État a à faire face, se trouve en bonne place les défis sécuritaires. Précisément quant on parle des conflits dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest. A côté, les populations de l'extrême Nord sont en train de se rencontruire, suite aux attaques répétées de la secte islamiste Boko Haram.
En modifiant très faiblement le gouvernement, Paul Biya montre que ses attentions sont ailleurs. Et cet ailleurs est probablement les législatives et les municipales. On observe que le Chef de l'État n'a pas bouger les cassiques de son gouvernement. Des ministres qui ont mouillé le maillot pendant la dernière présidentielle. Il a fait le choix de la stabilité.
Paul Biya a fait le choix de ne pas mettre à mal la base du parti (RDPC). C'est ce qui peut justifier le maintien des ministres qui peuvent lui garantir un résultat conséquent lors des élections à venir. De plus les hommes et femmes sortis du gouvernement ont été remplacés par des acteurs politiques émergent dans les différentes circonscriptions électorales d'origine. Ceci peut s'observer à travers le choix du Maire de la Commune de Bangante qui remplace politiquement au sein du gouvernement et poste pour poste, le ministre Jean Claude Mbouentchou, ressortissant de la même aire géographique.
Manifestement, Paul Biya préfère ne pas couper les têtes comme attendu dans le cadre de l'échec de l'organisation de la CAN 2019. Le Chef de l'État conforte les positions de ses lieutenants en vue de s'assurer une victoire sans anicroches au doublé des municipales et législatives de septembre prochain.
Stéphane Nzesseu