Sur neuf candidats en lice pour la Présidentielle 2018, juste quatre ont choisi d’avoir un porte-parole. Il s’agit d’Akere Muna du Front populaire pour le développement (FPD), Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), Franklin Ndifor du Mouvement citoyen national du Cameroun (MCNC) et Serge Espoir Matomba du Peuple uni pour la rénovation sociale (PURS).Ils ne sont pas tous des politiciens. La plupart vient du corps de métier de journalisme. Cependant c’est à eux que revient la lourde tâche de soigner l’image des candidats à la Présidentielle qui ont requis leur service. Sam Severin Ango est le premier journaliste à avoir quitté son organe pour rejoindre l’équipe du candidat Akere Muna. «
J’ai choisi d’y aller parce que c’est un challenge important, une mission très noble. Je ne pouvais pas refuser de travailler pour Me Akere Muna, une personnalité de ce niveau. C’est d’abord un engagement citoyen», avait-il déclaré. Sauf que huit mois après, Severin Ango a fait savoir à l’opinion qu’il abandonnait le chavire d’Akere Muna pour celui du pasteur Franklin Ndifor. «
Nous n’étions plus d’accord sur les éléments de langage. Je ne pouvais plus continuer avec des gens qui badinent avec l’égalité de chance dans une République qu’ils veulent exemplaire», a-t-il expliqué le 18 août 2018. Depuis ce temps, il est aux côtés du candidat du MCNC.
Paul Mahel est le deuxième journaliste à avoir démissionné pour se mettre au compte d’un candidat à la Présidentielle, notamment Akere Tandeng Muna. Celui qui fut le Directeur Afrique centrale de la chaîne de télévision panafricaine Vox Africa, a mis en standby, 18 années de carrière. Son départ de Vox Africa ayant fait un tollé c’est sur sa page Facebook, qu’il a mis fin à la rumeur. «
Le bâtonnier m’a demandé de rejoindre son équipe et son mouvement dans la course pour la Présidentielle de cette année 2018 dans notre pays et je lui ai dit…OUI. Je serai donc aux côtés du Bâtonnier Akere Muna comme technicien mais aussi comme militant. Par conséquent, parce qu’un statut de militant me semble incompatible avec une posture éditoriale, j’ai décidé de mettre momentanément entre parenthèses ma carrière de journaliste pour entamer celle de communicant politique.», a-t-il écrit le 06 février 2018. Tout comme Severin Sam Ango, on ne lui connait aucun actif dans le monde de la politique.
Jusqu’à présent c’est la seule femme porte-parole de cette élection présidentielle. Clarence Yongo journaliste depuis le 29 août 2018 a mis fin à son contrat avec le groupe Canal 2. Dans une correspondance qui a largement circulée sur la toile, elle a indiqué que son départ a été motivé par des incompréhensions, nées de sa posture de porte-parole d’Espoir Matomba. «
Depuis quelques temps, il y a des incompréhensions qui planent sur le travail qui est le mien et ma personne. Dans ce climat de suspicion, je préfère me retirer et vaquer à d’autres occupations», souligne-t-elle dans sa lettre de démission. Récemment sous sa casquette de communicatrice du candidat du PURS, elle a fait une sortie médiatique pour accuser Cabral Libii du parti UNIVERS d’avoir plagié une proposition de son patron actuel. Cette proposition porte sur la réduction à 15 du nombre de Ministères.
Olivier Bibou Nissack de tous les trois porte-paroles sus présentés est celui dont la formation se rapporte pas mal avec la politique. Stratège et juriste, il a officiellement rejoint Maurice Kamto le 29 août 2018. Depuis lors c’est lui qui s’occupe de la coordination et l’harmonisation des différentes sorties du candidat du MRC. «Je ne rejoins pas le MRC, je rejoins le candidat Maurice Kamto. Je suis un allié en tant que membre de la société civile. J’apporte mon soutien à sa candidature», a-t-il déclaré à la presse le jour de sa présentation officielle.
Toutefois des observateurs comme Xavier Messe journaliste de profession et chef de la chaîne de télévision Humanitarian pensent que ces derniers n’étant pas de purs politiciens, peuvent ne pas être à la hauteur de la tâche qui incombe à un porte-parole.
D’après des observateurs de la scène politique, les porte-paroles sont devenus nécessaires face à l’ampleur de la couverture médiatique et à la «personnalisation» du débat public: les idées ont besoin d’être incarnées pour être comprises, voire acceptées. Le porte-parole est celui qui gère l’agenda médiatique des interventions du candidat. Il fait suivre le fil de ses dépêches pour pouvoir rapidement écrire des communiqués, et remplacer le candidat au micro d’une radio, sur le plateau d’une chaîne de télévision ou face aux questions des journaux et sites Internet.
Le porte-parole doit pouvoir être omniprésent. Il doit avoir la capacité de pouvoir gérer «
l’après-vente des déclarations des candidats». Il doit naturellement jouir de la confiance du candidat. Il doit être réactif car il est en fait une «
vitrine du candidat». Il doit être capable de décrocher une interview avec les grands titres et les chaînes télévisées.
Liliane N