Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a quitté l’hôpital militaire de Rabat où il était arrivé fin novembre et poursuit sa convalescence dans une résidence privée de la capitale marocaine. Son départ a été décidé «après autorisation de l'équipe médicale», affirme une source dans l'entourage présidentiel, citée par l’AFP.
Le chef de l'Etat gabonais avait reçu lundi la visite du roi du Maroc, Mohammed VI, son ami depuis l'enfance, et des images de cette rencontre avaient été diffusées. Son état de santé suscitant d'innombrables rumeurs, ces premières images depuis ses problèmes de santé ont été très partagées sur les réseaux sociaux de la communauté gabonaise, avec parfois des doutes sur leur authenticité.
Mardi soir, les chaînes publiques gabonaises ont diffusé une autre vidéo montrant le chef de l'Etat avec son Premier ministre, le vice-président et la présidente de la Cour constitutionnelle. Il «se porte plutôt bien, le processus de sa rééducation évolue très rapidement et positivement», a indiqué après cette visite le chef du gouvernement, Emmanuel Issoze Ngondet qui n'a pas précisé quand le chef de l'Etat rentrerait à Libreville.
- Ngondet s'y est rendu accompagné du vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou, de la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, et du directeur de cabinet d'Ali Bongo, Brice Lacruche Alihanga.
«Le chef de l’Etat est conscient, il reconnaît ses interlocuteurs, il voit bien, il parle bien, sa modulation de ton est bonne. Nous avons été rassurés et apaisés en sortant de cette audience avec le président à laquelle assistaient également M. Maganga et Mme Mborantsuo», a affirmé M. Ngondet à la presse.
Sur place, au Gabon, l’opposant Richard Moulomba Mombo a dans une déclaration, exigé de l’exécutif un message vidéo du Président Ali Bongo Ondimba en convalescence à Rabat au Maroc pour rassurer dit-il ses compatriotes inquiets de son état de santé.
«Puisque le Président de la République Ali Bongo Ondimba peut désormais recevoir des délégations et même travailler avec elles, alors peut-on finalement le voir livrant à son peuple qui le réclame un message vidéo ?», a exigé sous forme d’interrogation, M. Moulomba Mombo.
Dans sa déclaration critique vis-à-vis du pouvoir, le président de l’Alliance pour la renaissance nationale (ARENA, opposition), a par ailleurs dénoncé un «capharnaüm mêlé de cacophonie mais surtout des manigances au sommet de l’Etat».
Des comportements aux velléités inavouées, voulant dit-il mettre en péril la paix au Gabon. Il a fustigé également l’attitude du pouvoir dont l’objectif serait de tromper le peuple par la publication des images selon lui douteuses du numéro un gabonais.
«Les gabonais connaissent la science et les nouvelles technologies de l’information qu’ils savent tout aussi manipuler que discerner ; ils ne peuvent donc être trop ni par des grossiers montages ni par des attitudes suspectes ni encore moins par un quelconque film marocain de science-fiction», a-t-il dénoncé.
Ali Bongo Ondimba était arrivé le 29 novembre à Rabat pour y poursuivre convalescence et rééducation en milieu hospitalier, après plus d'un mois dans un hôpital de Ryad pour une maladie qui reste officiellement inconnue. La communication officielle sur sa santé est restée pour le moins parcimonieuse à Libreville, avec seulement deux interventions du porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni, en plus d'un mois.
La première, le 28 octobre, pour annoncer son hospitalisation quatre jours auparavant en Arabie saoudite, à la suite d'un «malaise» provoqué par «une fatigue sévère», due à une "très forte activité" récente. La seconde, le 11 novembre, pour préciser qu'il était «dans une phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques», après «un saignement justifiant une prise en charge médico-chirurgicale en secteur hautement spécialisé». Une manière implicite de dire que son état était sérieux.
Mais à aucun moment la présidence n'a révélé de quel mal souffrait le chef de l'Etat. Seules des sources non officielles ont évoqué un accident vasculaire cérébral (AVC).
Otric N.