Le président du MRC a été interpellé ce lundi soir [28 janvier] alors qu'il se trouvait dans le domicile d'Albert Dzongang à Douala. La fin d'un bras de fer...
C’est aux alentours de 19h30 que l'assaut est donné. Cela faisait déjà plusieurs heures qu les forces de l'ordre avaient encerclé le domicile où se trouvait Maurice Kamto. Au fil de la journée, on sentait bien la tension montée entre les forces de maintien de l'ordre et les militants du MRC qui venaient de partout se masser autour du domaine d'Albert Dzongang. Le quartier Mobile Guinness de Bassa, à Douala a vécu une journée inhabituelle. A la suite de l'interpellation, des affrontements s'en sont suivis entre militants et forces de l'ordre. Gaz lacrymogène, tirs de sommation, les alentours du quartier Ange Raphaël étaient bondés de monde venus demander la libération immédiate du professeur Maurice Kamto.
Le président du MRC est conduit à la police judiciaire de Douala. Il y retrouve Célestin Djamen et d'autres militants blessés extirpés de l'hôpital Général de Douala où ils suivaient des soins intensifs. Des malades sortis des lits d'hospitalisation sans l'accord des médecins. D'après Paul Sabin Nana, journaliste pour le groupe Équinoxe média, Maurice Kamto et les siens ont subi des atrocités, des traitements inhumains au sein des locaux de la Police judiciaire de Douala. Dans la nuit de lundi à mardi, Maurice Kamto va être conduit à Yaoundé.
« M. Maurice Kamto a été enlevé [lundi] par des personnes en armes alors qu’il se trouvait au domicile d’un de nos alliés, M. Albert Dzongang, en compagnie de M. Christian Penda Ekoka », a déclaré sur les antennes de RFI, Emmanuel Simh, vice-président de son parti le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). « Ils ont été, aux dernières nouvelles, emmenés à la police judiciaire à Douala. »
En guise de protestation, 300 personnes se sont alors massées devant le domicile d’Albert Dzongang. Un rassemblement rapidement dispersé par des tirs en l’air. En parallèle, d'autres membres du MRC parmi lesquels Alain Fogue, trésorier du parti et professeur d'université, ont également été arrêtés, lundi soir à Yaoundé. Le ministre Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale, avait estimé samedi soir que le MRC avait « franchi la ligne rouge et débordé le seuil de tolérance » après que le parti a appelé ce week-end à des marches contre la réélection de Paul Biya.
« Des interpellations politiques injustifiées »
Samedi, 117 personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations non autorisées qui ont eu lieu dans plusieurs villes du Cameroun, dont l'ex-directeur de campagne de Maurice Kamto, Paul-Eric Kingue et le célèbre rappeur pro-Kamto Valsero. Au moins six personnes avaient également été blessées, dont l'avocate Michele Ndoki, première vice-présidente des femmes du parti.
« Nous sommes très inquiets par la tournure que prennent les événements et par la radicalisation que prend le régime de Yaoundé », souligne le vice-président du parti Emmanuel Simh. Plusieurs acteurs de la classe politique camerounaise se sont levés pour condamner cet arrestation parmi lesquels le patron politique du SDF dans le littoral, Jean Michel Nintcheu.
Stéphane Nzesseu