Le calendrier de l'organisation de cette nouvelle élection prévue au cours de cette année ne fait pas l’unanimité au sein des formations politiques représentées à l’Assemblée Nationale. La pomme de discorde, la question de la légitimité du corps électoral pour les régionales. Les partis de l’opposition estiment qu'au regard de la couleur des conseils municipaux et du parlement actuel, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) fera une razzia dans tous les conseils régionaux sur l’ensemble du territoire.
Les états-majors des partis politiques de l'opposition ont perdu le sommeil depuis l’annonce d’une probable tenue des régionales avant les législatives et municipales. Exaspérés à l'idée que les tous premiers conseillers régionaux de l’histoire politique du Cameroun puissent être élus par un collège électoral dont le mandat est formellement terminé depuis 2018.
Thierry BIASSI est membre du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Pour lui, élire les conseillers régionaux par un corps électoral sans aucune légitimité est inacceptable.
"Le mandat actuel est caduc. Le président de la république avait reporté leur mandat d'un an, ils ont perdu leur légitimité. Donc il est important d'organiser d'abord les élections municipales pour que les magistrats municipaux et les chefs traditionnels choisissent les futurs conseillers régionaux. "
Pour Gérard Zambo, membre du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti proche du pouvoir, la prorogation du mandat des députés et conseillers municipaux expire au mois d'octobre et il n’y a aucune loi qui exige la tenue des législatives avant les régionales. On ne peut donc pas parler d'illégitimité en pareil occurrence.
"Nous ne pouvons pas encore dire que les conseillers municipaux ou les députés ne sont pas légitimes quand ils sont couverts par le décret du président de la république, prorogeant la durée de leur mandat. Aujourd'hui si le président estime qu'après la présidentielle de 2018, il faut mettre en place le processus de la décentralisation, il y'a aucune loi qui l'interdit."
Quoiqu'une telle initiative soit un véritable croque en jambe pour les jeunes partis émergent, il n'en demeure pas moins que la question de la légitimité va se poser avec acuité.
Toutefois, le MRC estime qu'il y'a des problèmes urgents à résoudre d'abord au pays avant de parler de la tenue des régionales. Explique Thierry BIASSI.
"Nous avons plus de 450 000 camerounais déplacés à l'intérieur du pays par rapport à la guerre. Parmi eux, les chefs traditionnels et les magistrats municipaux qui doivent élire les conseillers régionaux et qui ont fui la localité."
Dans son discours de fin d'année, Paul Biya avait promis la tenue des élections régionales en 2019, tout en la présentant comme solution aux revendications des populations du nord-ouest et sud-ouest. Depuis lors, les violences n'ont pas connues d'accalmie sur le terrain. Ce qui suscite des interrogations sur les conditions d'organisation d'une élection dans cette partie du pays.
Stéphane Szesseu