Le conseil de sécurité de l'ONU est réuni depuis hier aux Etats Unis pour parler de la situation sociopolitique du Cameroun. Ci-dessous, la déclaration du représentant permanent du Cameroun aux Nations unies.
Je vous remercie Mme la présidente de m'avoir donné la parole.
D'entrée de jeu, je voudrais vous dire que la présente réunion sous formule Arria ne rencontre pas l'adhésion du Cameroun. Est-il encore besoin de rappeler que la même objection a déjà été fortement exprimée par de nombreux pays du Conseil, en particulier les pays africains, en raison de son caractère équivoque susceptible d'être malicieusement exploité par des esprits malveillants confondant à l'envie et pour leur cause cette formule avec les réunions officielles du Conseil.
J'illustre, Mme l'Ambassadeur, lorsque vous et moi nous sommes longuement vus, et que je vous ai exprimé cette exploitation malveillante, peut-être ne m'avez-vous pas crue. Depuis le début de cet Après-midi, dans les réseaux sociaux, il est dit que le Conseil de Sécurité a siégé, a adopté une résolution, et que les voix se sont établies comme suit: Pour le Cameroun, France, Côte d-ivoire, Belgique, Guinée Equatoriale; Neutre, Chine; Contre le Cameroun: Etats-Unis d'Amérique, Royaume Uni, Russie, Allemagne, Indonésie, Pérou, Koweït, Pologne, Afrique du Sud, République Dominicaine. Que ce faisant, le Cameroun a été battu. Voilà Mme l'Ambassadeur, les confusions pour lesquelles je vous avais fait l'amitié de vous dire toute ma précaution. Maintenant, voilà ce qui se dit sur les réseaux sociaux: que le Conseil a siégé!
En outre, le sujet même sous examen, à savoir la situation humanitaire au Cameroun a-t-on suffisamment répété, ne constitue en rien une menace à la paix et à la sécurité internationales.
Un tel sujet aurait été plus indiqué dans le Segment humanitaire du Conseil Économique et Social ou dans les débats sur les questions humanitaires à la troisième Commission de l'Assemblée Générale, voire lors d’une manifestation parallèle de Haut niveau au cours de l'Assemblée Générale.
D'aucuns ont avancé l'argument de prévention. Quelle prévention alors ! Pourrait-on s'écrier et quelle serait la ligne de démarcation entre prévention et volonté d'intervention sous des prétextes humanitaires qui hantent certains esprits?
Sans doute, certains sont venus à cette rencontre avec l'encre approprié pour peindre le Cameroun tout en noir, pays d'enfer et de maux indicibles. Ils ont en cela ameuté les medias, les ONG et les "marcheurs" patentés de la 47eme rue pour spontanément amplifier leurs vues dans les medias et les réseaux sociaux. Certains d'entre ces déstabilisateurs ont d'ailleurs tout récemment publié un communiqué affirmant que tout participant à notre prochaine fête nationale sera placé sur leur liste noire et traité comme ennemi et que l'insurrection est le seul moyen actuel pour renverser les institutions du Cameroun et ceux qui les incarnent.
D'autres, peut-être sont venus munis de siphons pour siphonner toute l'eau de la bouteille et présenter le Cameroun comme une bouteille toujours vide, au plus à moitié vide.
D'autres, que sais-je encore, sont venus verser d'abondantes larmes sur la situation humanitaire, mais en réalité des larmes feintes, à peine voilées sur une situation dont ils n'ignorent, s'ils ne provoquent d'ailleurs pas les tenants et les aboutissants.
D'autres enfin, sont venus à la présente rencontre sans doute à la recherche de marchés pour leurs ONG en gonflant à souhait les chiffres des besoins humanitaires.
Quant à nous, et à nos partenaires réellement soucieux de la transparence, de la traçabilité, bref de l'efficacité de l'aide humanitaire, nous sommes venus dire que le Cameroun est debout, têtu comme la vérité, visant l'émergence en 2035, pays qui n'est pas au paradis, mais pas en enfer non plus, mais bien sur la terre des hommes cherchant patiemment et méthodiquement sa voie de développement endogène, en cette période charnière où les réalités et les survivances du XXème siècle s'imbriquent encore dans celles du XXIème siècle s'affirmant; dans un contexte où les rivalités de puissance, d'intérêt et d'idéologie vont crescendo dans diverses parties du monde; dans une Afrique qui se projette à l'horizon 2063 comme un continent prospère, libre, uni, paisible et acteur majeur dans les relations internationales.
C'est à la lumière de toutes ces considérations et de leçons tirées de l'expérience dans de nombreux pays que nous abordons la question sous examen qui requiert toute l'attention de notre Gouvernement. Le Cameroun est un pays ouvert qui a successivement reçu ces derniers temps le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, une délégation du Commonwealth, le Président de la Commission de l'Union Africaine. Une délégation de l'Organisation Internationale de la Francophonie est attendue et le Parlement européen a été invité.
Un des distingués invités à savoir le représentant Spécial du Secrétaire Général pour l'Afrique Centrale n'a pas manqué de déclarer à la suite d'une de ses visites: « Nous sommes venus rencontrer le Premier Ministre, Chef du Gouvernement pour faire avec lui le point de la situation au Cameroun... M. le Premier Ministre nous a fait le point des efforts déployés pour la stabilisation des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest... Nous partons d'ici avec l'assurance que le Gouvernement est à pied d'œuvre pour trouver des solutions idoines dans ces deux région ».
La devise du Cameroun est Paix-Travail-Patrie.