Selon La Lettre du Continent, le président suisse, Ueli Maurer, doit effectuer une visite à Yaoundé courant mars 2019. La Confédération helvétique s’intéresserait particulièrement à la situation du Cameroun, miné depuis plusieurs mois par les velléités sécessionnistes des deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Après la visite en janvier 2018 de Nicoletta Mariolini, la déléguée fédérale suisse au plurilinguisme, voici le tour du président de la Confédération suisse. La symbolique, inévitablement, développe un mouvement déchiffrable sous le prisme de la médiation. Selon certains observateurs, cet élan et cet allant traduisent la volonté suisse à offrir, au pays de Paul Biya, une ou des pistes de sortie de la crise anglophone.
Entre temps, il n’est pas fortuit de rappeler que des initiatives ne cessent de naître. Le corpus de chacune d’entre elles semble se déployer de haut, avec pédagogie et avec une intention proclamée de venir à bout de l’insécurité dans la partie anglophone du Cameroun. C’est dans ce canevas que s’inscrit le Mouvement pour la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest (« The North-West and South-West Peace Movement »). Cités par Apanews, Mbile Norbert Nangiya, Francis Enwe Abi Ngalle, Henry Monono et Nick Ngwanyam disent bénéficier d’une épaisse adhésion de l’opinion locale.
Se déclarant apolitique, le mouvement «ambitionne de rassembler tous les fils et filles des deux régions, désireux d’apporter leur contribution au retour à la normale dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, et s’engage à discuter avec toutes les parties prenantes à la crise anglophone, aussi bien au Cameroun que dans la diaspora, afin de parvenir à la cessation des violences».
Cette initiative voit le jour à côté d’une autre. Il s’agit de la Conférence générale anglophone (AAC), programmée depuis novembre dernier par un collègue de religieux, sous les auspices du cardinal Christian Tumi. Depuis, elle ne cesse d’être reportée pour des raisons attribuées tantôt aux difficultés logistiques, et pour certains également aux obstacles posés par le pouvoir de Yaoundé.
Et du coup, le lien entre l’arrivée de Mgr Paul Richard Gallagher à Yaoundé et l’offre de médiation du Vatican est vite trouvé. En effet, le 25 février 2019, au cours d’une audience avec le ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, le secrétaire chargé des relations avec les États au Saint-Siège, a formellement émis le vœu du Vatican d’aider le Cameroun à résoudre la crise.
Sur place, le gouvernement n’a cessé de multiplier des initiatives dans le sens de l’apaisement. L’on retient, entre autres, le décret de décembre 2018 consacrant l’arrêt des poursuites contre 289 personnes poursuivies devant les tribunaux militaires, et détenues de ce fait pour des délits commis dans le cadre de la crise sécuritaire dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ; celui du 30 novembre 2018 portant création du Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (CNDDR).
Mais également le lancement du plan d’assistance humanitaire d’urgence, d’un montant de milliards de 716 millions 500 francs CFA, destiné à rétablir un cadre de vie propice à l’épanouissement et au développement des communautés affectées par les violences ; la création, en janvier 2017, de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme… Pour les observateurs, le logiciel mérite d’être réinitialisé.
Otric N.