Vladimir Poutine entend apporter sa contribution pour que le climat sécuritaire dans ce pays de l’Afrique Centrale redevienne normal.
La République Centrafricaine peine à laisser derrière elle, le cycle de violence dans lequel Elle est plongée depuis le départ de François Bozizé du pouvoir, chassé par un coup d’État. Et pourtant, le gouvernement, soutenu par ses partenaires internationaux, a multiplié les initiatives de désarmement et de dialogue, avec les groupes armés, en vain. C’est en marge d’un forum militaire le 21 Août 2018, que Sergueï Doïgou, ministre russe de la défense avait annoncé qu’il a paraphé un accord avec son homologue centrafricain Marie Noëlle Koyana.
Dans les termes de ce dernier, il est stipulé que les membres des forces armées Centrafricaines (FACA), seront désormais formés dans les instituts militaires russes. Auparavant, Vladimir Poutine avait donné son accord pour que cinq officiers militaires et cent soixante – dix (170) instructeurs civils se rendent dans ce pays, afin d’entraîner les forces armées nationales. Un déploiement qui fait suite à une livraison d’armes. En plus, au début de cette année, ce sont les soldats russes qui assurent la protection de Faustin Archange Touadera.
L’engagement de la Russie, dans ce pays qui est une ancienne colonie française, incite quelques analystes des relations internationales, à mettre en garde, les autorités centrafricaines. Selon eux, cet engouement laisse entrevoir que c’est une porte ouverte aux intérêts économiques pour les russes.
D’autres encore se posent la question de savoir si les français vont perdre leur suprématie. Une question à laquelle répond Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe : « La Russie, contribue, comme d’autres nations avant elle, à la formation et l’entraînement des forces armées centrafricaines, d’autant plus que c’est une mission qui est induite par la résolution onusienne 2149, du 10 Avril2014, qui créé la mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en RCA.
La présence de la Russie, en plus de celle de Boris Becker que le Président Touadera a choisi comme attaché personnel suscite, comme cela a été dit plus haut, moult interrogations. La République Centrafricaine est considérée comme l’un des Etats les plus pauvres en Afrique Centrale. Il occupe la cent quatre vingt huitième place (188), sur cent quatre vingt neuf que compte l’indice de développement humain de l’Organisation des Nations Unies, dont le rapport a été publié en septembre 2018.
C’est un pays dans lequel on compte de nombreuses poches d’insécurité et, plus d’un million de Centrafricains ont fui les combats et les exactions, espérant trouver refuge dans des pays voisins, notamment le Cameroun, ou des enclaves (camps, quartiers et bâtiments protégés par des troupes internationales. Elles sont victimes de violences de masse et, d’exactions ciblées, qui ont fait des milliers de morts et de blessés. Elles sont par ailleurs, largement dépendantes de l’aide internationale pour leur survie et cette escalade de violence a des conséquences majeures sur la situation sanitaire du pays.
Dix-huit groupes armés, souvent divisés et largement dépourvus d’une chaîne de commandement, se partagent environ 80 % du territoire. Ils sont à l’œuvre dans 14 des 16 préfectures du pays. Les tentatives faites par le gouvernement de transition et par le gouvernement actuel de redéployer les représentants de l’État dans l’arrière-pays ont rapidement échoué avec le repli des fonctionnaires.
Nicole Ricci Minyem