Sisiku Ayuk Tabe et ses neuf co accusés Nfor Ngala Nfor, Tassang Wilfried Fombang, Henry Kimeng, Cornelius Njikimbi Kwanga, Fidelis Che, Che Augustine Awasum, Egbe Ogork, Eyambe Elias et Shufai Blaise Sevidzem condamnés à perpétuité
Le verdict, prononcé par le juge Misse Njone, est tombé aux premières heures de cette matinée dans l’une des salles d’audience du tribunal militaire. Ils doivent en sus, payer une amende de 250 milliards de FCFA à l’Etat du Cameroun.
Incarcérés depuis Janvier 2018, à la prison principale de Yaoundé, le président auto proclamé de l’état imaginaire de l’ambazonie et ses compagnons sont accusés de terrorisme, sécession, insurrection, révolution, hostilité contre la patrie, bande armée», propagation de fausses nouvelles, atteintes à la sûreté extérieure et intérieure de l’Etat et défaut de carte nationale d’identité.
Pour parler plus prosaïquement, le Cameroun leur reproche d’avoir tenté d’affranchir, par tous les moyens, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest de l’autorité régalienne de l’Etat et, on se souvient que c’est à cause d’eux la proclamation de l’indépendance de l’ambazonie s’est faite le 1er Octobre 2017.
Avant son arrestation en Janvier 2018, dans un hôtel d’Abuja en compagnie de neuf autres cadres de son mouvement, alors qu’il présidait une réunion consacrée à la « crise des réfugiés » issus du Cameroun anglophone au Nigeria, Ayuk Tabe avait prétendu user de tous ses pouvoirs afin d’obtenir une reconnaissance rapide de son état imaginaire par l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne.
Désigné président intérimaire en juillet 2017, celui qui se définit lui-même comme un « militant » adepte du self défense contre l’armée de la République » entendait affranchir les deux régions anglophones de l’autorité de Yaoundé.
Décrit comme peu stratège, peu politique et peu diplomate par tous ceux qui l’ont approché, cet ex-salarié d’Eneo Cameroun, la compagnie nationale d’électricité, vivant entre les États-Unis et le Nigeria, se limitait à gérer les divisions internes d’un mouvement peu structuré et sous la perfusion financière de la diaspora.
Ambiance avant la lecture du verdict
Ce lundi, le climat n’était pas au beau fixe dans la salle d’audience du tribunal militaire. Les accusés ont récusé la trentaine d’avocats commis à leur défense, affirmant que ces derniers manquent d’impartialité.
Une énième polémique qui naît du fait que les hommes en noir ont demandé une fois encore de surseoir la procédure en attendant la décision de la Cour Suprême qui ne peut rendre sa décision que dans un délai de trente jours.
Par ailleurs, Ayuk Tabe et ses complices ont empêché l’audition d’un témoin à charges, invité à donner des éclairages suite à l’escalade de violence que les populations du Nord et du Sud Ouest ont connue entre Septembre et Décembre 2017.
Nicole Ricci Minyem