Cette date restera fortement marquée dans les esprits des camerounais. La date du seul véritable coup d’Etat subi par le régime Biya. Coup d’Etat manqué certes, mais un coup d’Etat qui aurait pu être salutaire pour l’avenir de ce pays. Et s’ils avaient réussi le coup ?
Il faut avoir le courage de se poser cette question 35 ans après. Le coup d’œil dans le rétroviseur nous donne de constater que ça n’aurait pas été aussi mauvais pour notre démocratie si les putschistes nationalistes du 06 avril étaient parvenus à prendre le pouvoir au régime actuel.
Les dénonciations des putschistes sont les mêmes 35 ans après.
Les maux relevés par les rebelles réunis au sein du mouvement « J’OSE » restent d’actualités aujourd’hui encore. Dans le communiqué préparé pour être lu après la victoire, ils fustigeaient la démagogie qui fondait les discours du président Biya. « Vous avez tous été témoins de l’horrible comédie jouée par le pouvoir défunt qui se permettait de parler de libéralisme, de démocratie, d’intégration nationale, alors que, chaque jour, son action bafouait de façon scandaleuse ces hautes valeurs. Les libertés des citoyens telles que dénoncées par la Déclaration des droits de l’homme n’étaient jamais respectées. »
De nos jours encore, les droits des citoyens tels que contenus dans les textes internationaux ne sont pas respectés. La question des libertés d’expression à travers le droit de manifestation publique reste une situation de deux poids deux mesures. La justice n’est pas toujours à même de rendre des décisions qui font l’unanimité. Le dernier cas en date est le procès post-électoral devant le Conseil Constitutionnel. Un Conseil avec des membres n’ayant pas qualité et dont la notoriété sont tournées en dérisions par les populations pour qui Conseil Constitutionnel rime désormais avec « IRRECEVABLES ». Les putschistes dénonçaient déjà, il y a 35 ans, cette utilisation à double vitesse du dispositif constitutionnel. Et plus encore…
L’une des contestations majeures des hommes du 06 avril est la corruption, le banditisme d’Etat savamment orchestré pour spolier l’Etat. Dès les premières heures de pouvoirs de Paul Biya, ses amis se sont lancés dans un enrichissement effréné dont les conséquences ont été dévastatrices pour notre économie. « Le gouvernement et ses agents propulsés à la tête des rouages de l’Etat, agissaient avec comme pour seule devise non de servir la nation, mais de se servir. Oui, tout se passait comme s’il fallait se remplir les poches, le plus rapidement possible, avant qu’il ne soit trop tard. »
Et s’ils avaient réussi ?
Stéphane Nzesseu