Il n’est pas commode de voir un membre du gouvernement obtenir 100%, au sein de la population camerounaise dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. Et pourtant, « Manaouda Malachie » vient de relever le défi.
Ses descentes inopinées dans les formations sanitaires, à des heures où on ne l’attend point, sa faculté à s’intégrer dans la grande masse des malades qui sont en quête de mieux être, sa disponibilité sont quelques éléments qui ont fait monter sa côte de popularité, alors qu’il n’est que dans le cadre normal de l’exercice de ses fonctions.
Et, pourtant, les messages de félicitations qui sont lus dans les réseaux sociaux démontrent que les populations camerounaises sont surprises et heureuses de cette initiative, parce qu’inhabituelle :
« Je ne peux que me réjouir de savoir qu’il y a au moins un membre du gouvernement qui prend à cœur son travail et puisque cela concerne la santé, j’en suis plus heureuse encore. Chaque fois qu’il m’a été donné de me rendre à l’hôpital, j’avoue qu’il faut que mon état de santé soit vraiment critique pour que je me résolve à le faire. L’accueil et la prise en charge peuvent seulement tuer lorsque tu as franchi le portail de ce qu’on appelle hôpital de référence ici à Yaoundé… ».
« Lorsque j’ai vu l’image du ministre de la santé à Facebook, je n’ai pas d’abord cru parce que ce qui est publié dans les réseaux sociaux, surtout ces derniers mois est à prendre avec beaucoup de recul. Mais, cela me fait plaisir de savoir que dans le gouvernement de monsieur Biya, il peut exister des ministres comme monsieur Manaouda Malachie. Arrivez à l’hôpital à n’importe quel moment, surtout dans la nuit, vous allez voir ces médecins qui s’amourachent, parfois on dirait qu’ils veulent eux aussi tourner les séries novelas. C’est à peine si on se préoccupe du malade et lorsque c’est le cas, on l’oriente vers les cliniques privées. Ce n’est pas évident, monsieur le ministre mais, je vous encourage à aller de l’avant. Vivre au Cameroun est un véritable concours de patience alors, si notre système de santé peut s’améliorer, les malades n’auront plus aucune crainte de se rendre à l’hôpital… ».
« Ce monsieur mérite des encouragements. Il est vrai qu’au Cameroun, on fait ce qu’on trouve comme métier et c’est malheureux. Je suis de ceux qui pensent que si ailleurs, on peut se permettre n’importe quoi, je ne le cautionne pas, mais quand il s’agit de la santé, il faut de véritables professionnels. Bravo monsieur le ministre… ».
Des félicitations qui entraînent des doléances de la part du corps médical
Pour le docteur Casimir Ndengue, médecin dans une ville située à quelques encablures de Yaoundé : « Les visites de monsieur le ministre de la santé font du bien aux malades qui savent qu’ils seront peut être mieux pris en charge, mais, je puis vous dire que chaque médecin prend très au sérieux son travail. Les hommes ne sont pas des cobayes sur qui ont peut faire des tests d’expérimentations. Toutefois, ce qui fait défaut dans nos hôpitaux et centres de santé, c’est le plateau technique et tout ce que cela comporte. Il nous arrive souvent de ne pouvoir donner des soins aux malades parce que nous ne pouvons pas le faire… »
Il demande au ministre de la santé de prendre aussi en compte, le bien être du corps soignant : « Comment pouvons nous donner des soins aux malades alors que nous même, nous souffrons. J’ai des jeunes collègues qui ont été affectés ici et, je puis vous assurer que la plupart vivent quasiment des dons. Leur intégration tarde, comment peuvent – ils s’épanouir dans le cadre de ce noble métier. Les patients font de nombreuses plaintes, parfois avérées mais quelquefois, ou la plupart du temps, exagérées parce qu’ils refusent de se mettre à notre place… ».
Certes, le corps médical a de nombreuses demandes à adresser à sa hiérarchie mais, il n’en demeure pas moins que grâce à ces descentes inopinées du ministre de la santé publique, l’arnaque et le clientélisme, la négligence, les propos et les comportements inhumains vont céder la place au professionnalisme, à la considération, à la prévenance de la part du corps soignant.
Nicole Ricci Minyem