En annonçant au cours d’une conférence de presse qu’il émet des réserves à sa participation aux élections municipales et législatives de février prochain, le Président du PCRN a révélé son choix à peine voilé de suivre le MRC dans sa posture de boycott.
Cabral Libii n’est pas un néophyte en politique. Arrivé troisième au cours de la dernière élection présidentielle, il est parfaitement au fait des réalités politiques camerounaises. Notamment, à travers ses instruments comme le code électoral dont le contenu est critiqué depuis mathusalem par plusieurs partis d’opposition, une question qu’il a toujours évitée jusqu’ici. Pour lui, il était hors de question de parler du code électoral tant qu’on n’est pas à l’Assemblée Nationale. Il était question de parvenir à la maison de verre et de changer les choses en y étant présent.
Aujourd’hui on se rend finalement compte que les positions qu’il a souvent critiquées hier, c’est-à-dire le boycott du fait de l’inégalité dans le jeu politique du fait des instruments électoraux, l’ont rattrapé à ce jour.
Dans sa communication, le Président Cabral dit avoir demandé au Conseil Electoral d’Elecam de lui donner 15 jours supplémentaires pour constituer ses dossiers de candidatures. Ne serait-ce pas faire preuve de naïveté politique que de croire que le Conseil Electoral donnera suite à une telle requête dans le contexte politique actuel ? ce d’autant plus qu’il n’existe aucune disposition juridique dans le code électoral qui permette une telle extension.
Cabral Libii semble subitement ouvrir les yeux sur une réalité qui pourtant existait bien avant l’élection présidentielle. Lui qui a régulièrement fustigé les mouvements de contestation organisés par le MRC, semble lui aussi rejoindre le rang de la fronde. Il se prépare à boycotter la prochaine élection. D'autres critiques qu’on fait à son endroit, c’est qu’il serait, comme toute l’opposition d’ailleurs, dans la mauvaise foi. Car ne pouvant pas constituer des listes dans plusieurs circonscriptions, ces partis choisissent la tentative de blocus du processus de l’élection. Pour d’autres, le PCRN n’a pas d’élu sur le territoire. De ce fait, il est difficile d’apprécier son implantation sur le terrain politique camerounais.
Les partis politiques concourent à l'expression du suffrage et donc par là il n'y a ni obligation ni contrainte... Le concours est libre pour qui veut participer. Le déficit de sincérité des candidats de l'opposition et notamment du PCRN qui se sont présentés devant l'administration parfois avec des documents non conformes. La loi étant générale et impersonnelle, un parti politique ne saurait donner des menaces sous forme d’ultimatum à un organe indépendant de gestion des scrutins. Il est prévu un contentieux préélectoral où le juge de l'élection peut ordonner l'analyse des dossiers recalés de manière exceptionnelle si les raisons sont fondées. Ce serait peut – être la voie à emprunter par le PCRN.
Sinon, il faut prendre le courage de dire ouvertement qu’il ne participera pas à ces élections à venir.
Stéphane NZESSEU