Le patron politique du Manidem crève l’abcès et met sur la table du débat la question des relations entre le pouvoir et la communauté Beti du Cameroun. Il parle du prétexte Beti.
Le président Anicet Ekane s’interroge. « Le pouvoir au Kamerun est-il Beti ? » Une question qui en entraîne d’autres. D’autres questions du type, est ce que « l’essentiel des rênes du pouvoir se trouvent entre les mains de Kamerunais Béti ? » ou encore, est ce que « le pouvoir au Kamerun est détenu par l’ethnie Béti, qui entretient ainsi un pouvoir hégémonique sur le reste des Kamerunais ? »
Pour le président du Manidem, « L’idée selon laquelle le pouvoir est Béti, est largement partagée par bon nombre de nos compatriotes. La corruption et le népotisme aidant, le fait qu’une partie toujours plus grande de la richesse nationale est accaparée par des clans ou des ramifications autour du Président Biya, et qu’un sectarisme ambiant est entretenu par certaines élites tribalistes Béti, ce fait a contribué à installer cet état d’esprit chez bon nombre de nos compatriotes non béti. Par la suite, les frustrations et les ressentiments des autres élites non béti ont alimenté le radicalisme anti-béti, béat et désuet dès 1990. » C’est la source du problème.
Des faits viennent renforcer cette croyance. « Personne de sérieux ne peut nier que les postes stratégiques, administratifs, politiques et militaires sont majoritairement attribués aux ressortissants béti. Les remaniements ministériels et les nominations dans les grandes administrations le démontrent sans cesse. Cela est si bien inscrit dans la pratique du pouvoir actuel … »
Mais pour l’homme politique, ce n’est pas l’apanage du seul système camerounais actuel. Anicet EKANE estime que cette manière de gouverner est un héritage colonial français. C’est un comportement qu’on peut observer dans plusieurs pays du pré carré français. D’ailleurs, il rappelle qu’à l’époque de la présidence Ahidjo, c’était bel et bien les populations de l’ethnie Peuhl qui dominait les administrations politiques et militaires de la République. Les Beti ont simplement succédé aux Peuhls.
Seulement, à la place de l’ethnie Beti, qui selon Anicet EKANE n’est pas si omniprésente, on remarque la présence d’un autre type d’ethnie : LES SECTES. « Le développement écervelé des sectes, qui ont fleuri sur les incertitudes d’une société en quête de sens, en perdition, a multiplié les mécanismes occultes d’accession au pouvoir, la sélection dans la reproduction sociale, accompagnée par une école où le tamis est l’argent, la persistance d’inégalités cumulatives, tous ces éléments nouveaux ont davantage nourri un système ouvert et Trans ethnique. Tout cela a considérablement freiné toute velléité d’hégémonie ethnique. »
A la fin, Anicet EKANE conclut que poser la question du pouvoir et des Beti n’est que pure distraction. Les classes de répartition du pouvoir sont ailleurs. « Et comme la lumière crée l’ombre, le prétexte béti permet d’occulter les questions fondamentales liées à la nature de classe du pouvoir au Kamerun. Ils sont nombreux, les faux opposants infiltrés dans les sectes tribalistes et réactionnaires, et dans les médias, dont la contribution principale au départ de Biya semble être l’exacerbation du chauvinisme tribal et l’amalgame consistant à rendre le peuple béti solidairement comptable des échecs du « Renouveau » » Le peuple Beti n’est en rien responsable de la gestion de l’Etat. Et il est bien pour l’accompagner. Les enjeux sont ailleurs. Arrêtons avec les arguments de tribalité. Notamment la gestion de nos richesses du sol et du Sous-Sol.
Stéphane NZESSEU