Le procureur de la Cour Pénale Internationale a conclu ce vendredi, sa présentation de charges retenues contre les deux chefs rebelles et a demandé aux juges, de les mettre en accusation et de les renvoyer en procès.
Lors de cette dernière session, il a détaillé ses pièces à conviction relatives à l’attaque de Bangui le 05 décembre 2013.
Cette dernière, lancée sur la capitale Bangui, avait été planifiée par le chef militaire des anti-balaka, Patrice Ngaîssona, selon l’accusation : «Sur le terrain, le com’zone Alfred Yekatom était entré par le quartier Boeing à la tête de son armée de miliciens. Là, les civils musulmans sont ciblés lors de l’attaque du marché. Elle n’aurait fait aucun mort dans les rangs de la Seleka, milice ennemie qui avait mis au pouvoir Michel Djotodia et contre laquelle, se battaient les antis-balaka… ».
À la Cour, le substitut du procureur, Éric Iverson, rapporte de nombreux témoignages dont celui d’un anti-balaka, désormais repenti.
Devant la barre, celui qui avant sa reconversion, était membre de la milice anti-balaka, a décrit sa participation en détails : « en entrant sur le marché, nous avons commencé à attaquer les Arabes qui étaient devant leurs magasins. Ils étaient en train de se laver avant la prière du matin. Je ne les ai pas vus avec des armes. Nous étions nombreux et nous avons tiré sur les Arabes. J’ai vu six Arabes à terre et tués. Ils ne sont pas morts tout de suite, mais ils souffraient au sol et donc on les a poignardés à mort. Nous n’avons fait que mettre en pratique, les ordres qui nous ont été donné par nos chefs …».
Après Bangui, les miliciens fondent sur Bossangoa, à 300 kilomètres au nord, puis sur Yaloke, Berberati, et Guen. L’accusation décrit pour chaque attaque, les meurtres, les tortures, les pillages, mais passe à huis clos pour aborder les crimes contre les enfants et ceux relatant les viols, pour protéger de futurs témoins potentiels.
Dans son fauteuil, Alfred Yekatom, vêtu d’une tunique colorée, a semblé accuser la fatigue et pendant un moment, l’émotion, a surgi sur son visage, face peut être à l’ampleur des charges portées contre lui.
Quelques minutes avant la fin de l’audience, Patrice Ngaïssona est retourné dans la prison de la CPI, sans que le président n’en précise la raison.
N R M