Détenues depuis plus de cinq ans dans une prison du Nord Cameroun pour « espionnage » au profit du groupe jihadiste boko haram, le procès des trois Camerounaises âgées de 20 ans a de nouveau été ajourné
Les avocats des mises en cause se sont confiés à nos confrères de l'AFP ce vendredi après le procès : « L'affaire a été renvoyée au 24 juillet, un sixième renvoi depuis l'ouverture du procès en janvier », a précisé Me Nestor Toko alors que ni le parquet, ni le ministère de la Justice n'ont souhaité commenter le dossier.
Retour sur les faits
Selon les déclarations une coalition d'une trentaine d'ONG locales et internationales : « Marie Dawandala, Damaris Doukouya et Martha Weteya n'avaient que 17 ans lorsqu'elles ont été interpellées dans l'extrême-Nord du Cameroun dans le cadre des opérations de lutte contre boko haram, très actif dans cette région…Elles ont déjà passé plus de 5 ans en prison, dont deux avec de très jeunes enfants… ».
Dans un communiqué, les responsables de cette Ong demandent aux autorités Camerounaises « De veiller à ce qu'elles reçoivent un jugement équitable et dans un délai raisonnable… ».
Compte tenu de leur âge au moment des faits allégués et des risques de contamination au coronavirus en prison, « ce sixième ajournement de suite est vivement préoccupant », a expliqué à l'AFP Delphine Lourtau, directrice du Centre Cornell sur la peine de mort dans le monde, membre de la coalition.
Les trois jeunes femmes encourent la peine capitale, d'après Me Toko, la justice les poursuivant pour « espionnage et complicité d'insurrection », selon une ordonnance judiciaire.
Dans ce document, il leur est notamment reproché de s'être « rendues en 2014 dans la localité camerounaise de Tourou dans le but de recueillir des informations sur les positions de l'armée camerounaise afin de faciliter une attaque de Boko Haram. Ce que réfute leur avocat ».
En 2016, le tribunal militaire de Maroua les avait déjà condamnées à mort, jugement qui avait été annulé en appel, selon la coalition d'ONG. Le ministère public avait décidé d'engager une nouvelle procédure contre elles devant le tribunal de Mokolo.
Arrestations arbitraires ?
Dans leur communiqué, Marie-Lina Samuel, coordinatrice du projet Afrique d'ECPM (Ensemble contre la peine de mort), affirme qu’ « Au plus fort des attaques du groupe jihadiste dans le Nord, les autorités camerounaises ont arbitrairement arrêté des centaines de partisans présumés de Boko Haram, dont beaucoup sans enquête approfondie, et les ont accusés de terrorisme… ».
Ce sont les termes qu’affectionnent les Organisations non gouvernementales qui prétendent se préoccuper des questions sécuritaires au Cameroun.
Elles ont toujours trouvé à redire sur les interpellations ainsi que l’incarcération des individus convaincus de terrorisme par les Forces de Défense Camerounaises et les magistrats.
Pour les responsables de ces Ong, les poseurs de bombes, les assassins et leurs complices sont de simples « victimes d’un système judiciaire corrompu qui boucle les enquêtes… ».
Pas le moindre propos pour les familles dont les membres ont été lâchement assassinées, même s’il faut convenir que certaines des jeunes personnes utilisées comme kamikazes étaient droguées mais, la quasi majorité a toujours péri avec leurs victimes.
En attendant le verdict du tribunal, il est important de relever que la peine de mort n'a pas été appliquée au Cameroun depuis plus de 20 ans.
Nicole Ricci Minyem