Le procès de sept soldats accusés d'avoir tué deux femmes et deux enfants (une petite fille et un bébé), dans le village de Zelevet, dans le Nord du Cameroun, s'est ouvert mardi au tribunal de Yaoundé et a été renvoyé au 16 septembre.
L'affaire remonte en juillet 2018 lorsqu'une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, présente des hommes de l’armée camerounaise tirer à de nombreuses reprises sur deux femmes et leurs deux enfants. Pendant plusieurs mois, les autorités camerounaises ont dans un premier temps démenti que ces horribles actes aient été commis par l'armée, déclarant qu’il s’agissait d’une « fausse nouvelle ». Mais, très tenace, Amnesty International a révélé des éléments de preuve digne de foi mettant en cause la responsabilité de l’armée camerounaise, et les autorités ont par la suite annoncé que les sept soldats apparaissant dans la vidéo avaient été arrêtés et qu’ils seraient poursuivis en justice.
Leur procès s’ouvrait donc hier mardi 27 août. Une première victoire selon Samira Daoud, directrice régional adjointe d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique Centrale, joint au téléphone par RFI.
« C’est un pas très positif dans le sens de la justice le fait que des militaires, accusés d’actes que nous avions dénoncés déjà depuis plusieurs années, soient traduits devant les tribunaux et répondent de leurs actes. Nous attendons, évidemment, que ce procès soit un procès équitable, que justice soit rendue pour les victimes, qu’il y ait des réparations pour leurs proches ». A-t-elle déclaré.
« Ce que nous attendons aussi, c’est que ce procès serve un petit peu d’exemple et de signal fort en direction de l’ensemble des forces de sécurité. Beaucoup jouent un rôle absolument crucial, évidemment, dans la défense des populations qui sont menacées, soit par Boko Haram dans l’extrême-nord, soit aussi par les séparatistes armés dans le sud-ouest ou dans le nord-ouest. Mais il y a des éléments des forces de sécurité camerounaises qui procèdent à des actes d’une grande brutalité et qui tombent sous le coup de la loi », a-t-elle ajouté.
Pour conclure : « Il est très important qu’à l’avenir ces personnes qui commettent ces actes soient poursuivies et que l’on n’attende pas qu’une vidéo les montrant visage découvert, qui circule partout dans le monde, soit disponible. Il n’y a pas toujours des vidéos de ces actes-là et cela ne doit pas être le seul déclencheur de poursuites judiciaires ».
Ouvert donc hier, le procès a de nouveau été renvoyé. « Le tribunal militaire de Yaoundé a annoncé le renvoi d’office de toutes les affaires qui devaient être jugées mardi au 16 septembre pour cause d’indisponibilité de madame la présidente », selon un communiqué dont l’AFP dit avoir consulté.
Danielle Ngono Efondo