La scène se déroule dans la soirée de ce mardi au sein de la salle d’audience du tribunal de première instance de Douala Bonandjo. Sur les vidéos qui circulent sur la toile, on peut voir des policiers ouvrir le feu sur des avocats en robe, au sein d’une salle d’audience.
On se croirait dans un film digne des studio Marvel. On peut voir distinctement, une horde de policier faire irruption dans la salle d’audience pour traîner des avocats par leurs robes pour les mettre hors de la salle. Les hommes de lois, les défenseurs des libertés ont vu cette nuit l’une de leur liberté fondamentale, celle de l’expression libre. Mais aussi celle de la sacralité de la salle d’audience et de la robe d’avocat. Mais comment en est-on arrivé là ?
Tout part d’un contentieux qui a abouti à une décision d’emprisonnement ferme de certains camerounais incarcérés dans le cadre de l’affaire des marches du MRC. Parmi ces derniers, il y en a qui n’ont pas compris pourquoi la décision du juge avait été aussi lourde à leur égard (18 mois de prison ferme). Alors, un de ces prisonniers a demandé à ses avocats de suivre son dossier pour espérer obtenir plus de clémence dans la décision du juge. C’est la procédure dans laquelle s’activaient les deux avocats mis en cause. Notamment Maître Wanto augustin et Me Messouck Jounko Annie Christelle. Difficile de savoir pour le moment ce qui a causé la dispute entre le juge et les avocats en question, mais très vite, le magistrat va arguer d’un outrage à magistrat, tentative de corruption et escroquerie pour mettre immédiatement les deux avocats sous mandat de dépôt à la prison de New Bell. Ces deux membres du barreau devaient donc comparaître ce mardi, jour de l’audience la plus immédiate après l’arrestation des deux défenseurs du droit.
Or, à l’écoute de l’arrestation de leurs confrères, les avocats sont venus de partout (plus de 500 avocats ce jour au palais de justice) pour assister au procès. Des anciens bâtonniers et plusieurs d'entre eux s'étant portés garants ont vu leur requête être rejetée sans oublier le refus du président du tribunal d'accéder à une liberté provisoire sous caution. L'affaire a été renvoyée au 25 novembre prochain d'où la colère des avocats. Voyant leurs confrères menottés, mais surtout la jeune dame avocate nouvellement maman d'un nourrisson de 03 mois, les avocats ont laissé exploser leur colère face à ce qu'ils ont considéré comme une vraie humiliation de la part des juges. C’est alors qu’ils décident de faire un blocus, refusant de quitter la salle d’audience en guise de protestation.
La suite, ce sont de nombreux blessés parmi les avocats. Affaire à suivre.
Stéphane NZESSEU