En réaction à ce qui est arrivé ce mardi aux avocats au sein de la salle d’audience du Tribunal de Première Instance de Bonandjo, l’activiste camerounais Paddy Asanga écrit : « Quand la police tabassait les avocats anglophones en 2016 jusqu’à confisquer leurs robes, les avocats francophones s’étaient indignés? #PoeticJustice »
Une question qui vient comme pour dire que les avocats g=francophones payent à leur tour le prix de cette justice que Paddy Asanga qualifie de « Poetic Justice ». En effet, on se souvient que le 11 octobre 2016, les avocats des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’étaient mis en grève illimitée. Les avocats protestaient contre l'inexistence, dans un pays qui se veut bilingue, d'une version anglaise des "actes uniformes" de l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), une association de 17 pays africains. Mais aussi, ils refusent l'application du Code civil francophone dans les juridictions des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, qui sont anglophones, et dont les règles de droit en pratiques sont de l’ordre de la Common Law.
On se souvient qu’à cette époque déjà, les forces de l'ordre avaient tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les avocats anglophones à Bamenda dans le nord-ouest du Cameroun. Alors que ces avocats demandaient seulement que les textes et lois utilisés par eux soient traduits en anglais comme le prévoit la constitution de la République. Chose qui leur sera refusé dans un premier temps, puis le ministre de la justice va revenir sur son bras de fer et ordonner la traduction du texte en question. Mais il se faisait déjà un peu tard.
Et on ne se souvient pas à l’époque qu’il ait eu une vague de solidarité manifeste de la part des avocats de la partie francophone qui visiblement ne se sentaient pas concernés par les revendications de leurs confrères. Une situation de déséquilibre qui avaient amené les avocats de la partie anglophone du Cameroun à vouloir créer un deuxième barreau spécifique pour les deux régions du pays. Pas de vague d’indignation à cette époque. Ce qui explique l’affirmation teintée de sarcasme de l’activiste Paddy Asanga : « Quand la police tabassait les avocats anglophones en 2016 jusqu’à confisquer leurs robes, les avocats francophones s’étaient indignés? #PoeticJustice ».
Reste maintenant à savoir si les voies de fait policières sur les avocats de ce mardi auront une suite sous forme de manifestation publique. Et à l’occasion, on vérifiera s’ils reçoivent la solidarité de leurs confrères anglophones.
Stéphane NZESSEU