Edgar Alain Mebe Ngo’o l’ancien ministre de la Défense a fait cette révélation lors de son passage au Tribunal criminel spécial, le 25 mai 2021.
Mardi dernier, Edgar Alain Mebe Ngo’o l’ancien ministre de la Défense (Mindef) était au Tribunal criminel spécial (Tcs). Lors de son interrogatoire, il a fait des révélations en rapport avec sa détention à la prison centrale de Kondengui. Parmi les déboires qu’il connaît dans ce pénitencier avec son épouse Bernadette Mebe Ngo’o aussi incarcérée dans le cadre de l’opération Epervier, l’ancien Mindef parle de deux tentatives d’assassinat sur sa personne et le mauvais suivi de l’état de santé de sa femme qui avait chopé le Coronavirus.
«Ayant foi en nos institutions, nous éprouvons un sentiment d’insécurité judiciaire doublé d’acharnement, traité avec beaucoup d’inhumanité. Deux exemples. Lorsque mon épouse rejoint la prison le 11 mars 2019, on la sort d’une clinique de la place manu militari par les éléments du GSO [Groupement spécial d’opération, ndlr], puisque j’ai été Dgsn [Délégué général à la Sûreté nationale, ndlr). On lui arrache les perfusions. On la ramène en prison où elle a failli décéder. J’ai la suite, ayant été l'une des premières victimes du covid-19, elle a été hospitalisée à l’Hôpital central de Yaoundé. Au dixième jour, on l’a déclarée négative, pendant qu’elle entendait, profiter pour effectuer des soins suite à une Chirurgie qu’elle a subie à Paris, le même manège s’est produit cette fois avec les agents pénitenciers.
On l’a sortie de l’hôpital manu militari. On l’a conduite à la prison et brutalisée. Nous apprendrons plus tard qu’elle a tenté de s’évader. Une malade qui va avec les béquilles s’évade ? Pour ma part, j’ai échappé à deux tentatives d’assassinat. Je sais de quoi je parle. La première fois, c’était lors des émeutes en prison en juillet 2019. La deuxième fois, le 4 février 2021. Si j’ai échappé à la mort, c’est par la volonté indépendante à mes assaillants», a déclaré Edgar Alain Mebe Ngo’o.
Faits reprochés
L’ancien Mindef a aussi parlé des faits qui lui sont reprochés à savoir le détournement de plus de 20 milliards de FCFA, la violation du code des marchés publics (dont le préjudice pour l’État est estimé à 196,8 milliards de F CFA), la corruption, la prise illégale d’intérêt et le blanchiment. Son épouse est accusée de complicité de détournement de fonds, pour une somme d’environ 5 milliards de F CFA, ainsi que de complicité de corruption et de blanchiment.
S’adressant à la présidente du TCS, Edgar Alain Mebe Ngo’o a déclaré «nous avons été mis en détention sur la base d’une correspondance tronquée et mensongère de l’ANlF : l’Agence nationale des investigations financières ; le service de renseignement financier. Conclusion partielle…Les infractions qui me sont reprochées sont supposées avoir été commises du temps où j’exerçais les fonctions de ministre délégué à la présidence en charge de la Défense. Je ne vous apprends rien en disant que la majorité des activités de cette administration, de ce département ministériel, sont protégées par le secret défense. Ce secret défense concerne les informations, les renseignements, procédés à caractère militaire, d’origine gouvernementale ou diplomatique dont la divulgation auprès des personnes non autorisées peut nuire, hypothéquer et remettre en cause la défense nationale. Naturellement, je ne suis plus ministre délégué à la présidence en charge de la Défense, mais je demeure astreint à l’observation de cette obligation. Toutefois, par respect pour le tribunal qui rend la Justice au non du peuple camerounais, par respect pour votre auguste juridiction, pour vous honorables membres de la collégialité, j’ai choisi de répondre aux questions qui me seront posées. Mais madame la présidente, je le ferais dans la limite des contraintes que m’impose cette obligation».
Liliane N.