Face à la presse ce mardi, l’observatoire accrédité au Cameroun a parlé « d’une faible affluence. Aucun engouement particulier n’a été noté dans les différentes localités couvertes… ».
C’est la substance du document lu devant les hommes et les femmes des médias ce Mardi, dans l’une des salles des conférences de l’hôtel Hilton par l’ancien Premier Ministre du Niger, Seyni Oumarou et les autres membres de l’organisation d’Etats Africains.
Le chef de la mission d’observation, accompagné de 33 autres personnes n’a pas voulu s’étendre sur les chiffres, arguant que cela est de la responsabilité de l’organe en charge de l’organisation des élections au Cameroun : Elecam qui en principe, doit publier les résultats des Municipales ce Mercredi, tandis que ceux des Législatives seront connus plus tard.
Il est important de relever que Seyni Oumarou et les autres observateurs, notamment les membres du Parlement Panafricain, ceux de la Commission de l’Union Africaine ou encore des organes de gestion des élections, ceux venus des organisations de la société civile et autres experts électoraux ont été dans six régions (Centre – Sud – Est – Ouest – Littoral – Nord) ; soit cent soixante seize (176) bureaux de vote. Un chiffre qui renvoi à un pourcentage de 79% en zone urbaine et 21% en milieu rural, peut – on lire dans le document.
Il n’a pas été possible de se rendre les régions en crise, a relevé le chef de cette mission d’observation, pour des raisons évidentes : « C’est parce qu’au niveau de l’UA, ils n’ont pas voulu prendre des risques par rapport à certains observateurs ».
Un taux d’abstention qui suscite le débat au sein de l’opinion publique
Pour certains, à l’instar de l’analyste politique Eric Mathias Owona Nguini, ce pourcentage n’a rien à voir avec l’appel au boycott de certaines formations politiques puisque lors de la présidentielle, il n’était pas très différent : « Si tu peux mobiliser 80% à 90% de l’électorat en ta faveur, autant le faire pour gagner, plutôt que de les inciter à boycotter les élections !!!Si tu gagnes 80 à 90% de l’électorat, tu as nécessairement une majorité parlementaire large. Donc, voilà des gens qui se targuent de contrôler 80 à 90% de l’électorat et préfèrent le gaspiller dans le boycott. Soit c’est la folie, soit c’est de l’arnaque » !!!
Hamad Ibn Issa croit savoir que : « Le taux d'abstention se justifie sur 3 points
1) Le désintéressement des populations face l'importance du vote
2) La mauvaise gestion des investitures dans les listes du Rdpc car bénéficiant d un grand nombre de militants plus de 50% des inscrits dans les listes
3) Le manque de financement des petits partis politiques pour mieux s'organiser dans les combats politiques. Bref c sont les quelques points qui ont favorisés le faible taux de participation… ».
Joseph Landry Owono estime que : « L'abstention aux élections législatives et municipales du 9 février 2020 repose sur plusieurs facteurs. Je vais partager ceux-ci:
1- Les décès des inscrits entre la date de l'inscription sur les listes électorales et la date du scrutin plusieurs potentiels électeurs décèdent et leurs familles pour la plupart ne déclarent pas ces décès à ELECAM pour la radiation de ceux-ci du fichier électoral
2- Le nomadisme entre la date d'inscription et la date du scrutin, plusieurs potentiels électeurs migrent à travers le territoire national et ceux-ci ne savent pas qu'ayant changé de commune de résidence, ils peuvent procéder à une mutation d'inscription auprès de l'antenne communale ELECAM de leur ressort. D'autres encore peut-être plus nombreux vont et s'installent dans les pays étrangers ils demeurent inscrits
3- La nature des élections peut en elle-même justifier l'abstention dans la mesure où les élections municipales et législatives comportent des logiques sociales, tribales, économiques et même politiques que la présidentielle ne comporte pas. Dans les élections de proximité, un militant d'un parti peut s'abstenir d'aller voter simplement parce que sa liste à lui n'a pas été validée par les instances supérieures du parti
4- Les enjeux des élections : L'élection présidentielle est plus courue et plus prisée que les élections municipales et législatives et suscite de fait plus d'engouement et d'intérêt
5- L'absence de compétition : Dans plusieurs circonscriptions électorales, le RDPC s'est retrouvé seul et sans concurrence. De fait, plusieurs potentiels électeurs de ces circonscriptions n'ont pas trouvé un intérêt justifié à aller voter
Le boycott : Certains potentiels électeurs et militants de certains partis politiques ont bel et bien donné une suite factuelle à l'appel au boycott. Ceux-là sont quantifiables.
Au demeurant, il serait malhonnête pour un parti politique de revendiquer le succès du boycott pour ces raisons entre autres. N'oublions pas que pour la présidentielle de 2018, le taux d'abstention était de 46% alors même qu'il n'y avait aucun appel au boycott. L'abstention infine n'a aucune incidence sur la validité des élections et aucun impact sur la légitimité de ceux qui en seront élus… ».
Nicole Ricci Minyem