Les camerounais ne savent plus à quel saint se vouer. Alors que le Covid 19 n’a pas encore quitté le Cameroun, alors même que le pays de André Mama Fouda est en plein dans la promotion de la vaccination, on ne trouve plus de tests dans les officines.
C’est un enchevêtrement symptomatique de cet imbroglio dans lequel se trouve le Cameroun. Impossible de savoir comment et qui finalement pilote la gestion de cette crise. Les différentes institutions se marchent les unes sur les autres. Et grâce à la Cour des Comptes, on comprend mieux pourquoi. C’est tout simplement à cause de l’appât du gain. La pénurie des tests pour le covid est de plus en plus criarde dans les centre de santé de notre pays. A l’origine de cette situation, les nouvelles entreprises sélectionnées par la Task force Covid 19 de la présidence de la République qui sont dans l’incapacité de remplir leur cahier de charge. Tout simplement parce que ceux qui gère cette Task Force ne veulent pas laisser la gestion des questions de santé à l’organe dédié.
Il est primordial de préciser qu’une fois que le retrait de la gestion de la pandémie au Premier Ministre Joseph Dion Ngute était consommé, c’était désormais la Task Force de la Présidence de la République qui était en charge du dossier. Un organe que pilote, comme on peut bien s’en rendre compte, le Secrétaire Général à la Présidence de la République, le ministre Ferdinand Ngoh Ngoh. Elle a donc passé des marchés d’environ 7 milliards fcfa à de nouvelles entreprises dont certaines sont de création récentes et inconnues au bataillon du fisc camerounais. Ces entreprises sont au nombre de trois. Notamment, MEDICAL PLUS SARL, SAT PHARMA SARL, M9 SA. Cest trois entreprises devaient donc fournir près de 800 000 tests pour un montant d’environ 5 milliards de fcfa. Le ministre de la Santé, Manaouda Malachie qui avait hésité à signer ces marchés a finalement été certainement contraint de le faire. Or depuis que les marchés ont été signés, ces entreprises ne parviennent pas à exécuter les commandes. Choses curieuses pour des entreprises recrutées pour pallier à une mesure d’urgence. Problème : elles n’arrivent pas à lever les fonds nécessaires. Les précédentes entreprises, par le passé, payaient rubis sur ongle leurs fournisseurs pour se faire payer ensuite par le trésor public. C’est pourquoi à l’époque où c’était Dion Ngute qui gérait cette affaire, le Cameroun n’avait pas connu de situation de pénurie du matériel dont des tests rapides.
D’après des révélations de Boris Bertolt, « pour alléger le poids financier des entreprises qu’il a retenues, Ferdinand Ngoh Ngoh a demandé au ministre des Finances, qu’il leur soit octroyé une avance de démarrage de 30% pour leur permettre d’exécuter les marchés. Hélas, lesdites entreprises se retrouvent une fois de plus dans l’incapacité d’obtenir des banques la caution de garantie nécessaire au déblocage de l’avance de démarrage par l’Etat. Quand bien même cette condition serait remplie, il est juste de se demander comment elles pourront lever auprès des banques les suppléments de fonds nécessaires pour boucler les acquisitions des tests chez les fournisseurs dans un processus d’urgence. Raison pour laquelle tout est bloqué à ce jour et le Cameroun court vers une pénurie de tests rapides principalement dans les aéroports de Yaoundé et Douala, au Palais des sports et dans d’autres centres. Le dernier stock de 500 000 tests acquis depuis et avant la mise sur pied de la Task Force arrive donc à épuisement. L’Etat a même du mal dans ce cas à se retourner vers les trois entreprises qui livraient jusqu’ici les tests sur fonds propres, puisqu’elles n’ont été seulement payées jusqu’ici qu’à hauteur de 40% de la facture globale et réclament plus de 10 milliards de Fcfa aux finances publiques. »
Stéphane NZESSEU