Dans cette lettre ouverte, l’Avocat au Barreau du Cameroun laisse entendre que bientôt les hommes en noir seront « écœurés » et en ce moment, la « révolte » ne saurait attendre
« Monsieur le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux,
Monsieur le Ministre Délégué auprès du Ministre de la Justice,
Qu'est-ce qui a mal marché ?
Qu'est-ce qui peut justifier un tel déchaînement de violences et de barbarie dans un Palais de Justice, contre des Avocats uniquement armés de leurs costumes professionnels ? Au nom de quoi justifiez-vous cette double profanation des emblèmes séculiers de notre Justice.
Dites-moi tranquillement, qu'est-ce qui se passe dans mon pays pour que la violence soit banalisée à ce point? Hier, c'était nos frères et confrères des régions des Nord et Sud Ouest. Vous nous avez dit qu'ils étaient des hors-la-loi. Puis, ce fut le tour d'une femme seule, sans défense qui ne constituait pas un risque.
Hier, c'était Michèle Ndoki. Il nous était dit que bien qu'Avocate et identifiée comme telle, elle était dans l'exercice d'une activité politique (le crime !!!!) et hors des prétoires (la justification !!!).
Aujourd'hui, c'est quoi les raisons ? Pourquoi ne dites-vous rien depuis mardi ?
Qui est le commanditaire ? En quoi était-ce justifié ? Qui était menacé au point de justifier l'usage de fusils? Où est la proportionnalité ? Quel est le but recherché ? Vous voulez nous écœurer ? Nous révolter ? Vous allez y arriver...
Je vous le Jure... !!!!! ».
Les hommes chargés de l’application des Lois sont – ils désormais au dessus de ces dernières ?
Dans les vidéos qui circulent depuis quelques heures sur les réseaux sociaux, mettant aux prises les avocats et les hommes en tenue dans la salle d’audience du tribunal de Première Instance de Douala – Bonandjo, les justiciables sont en droit de s’interroger et d’être inquiets ; sur le comportement de ceux qui sont sensés, à toute épreuve, trouver des solutions pacifiques lorsque surviennent les problèmes.
Doit – on désormais tout laisser passer au Cameroun, parce qu’on doit craindre le spectre d’une autre crise sécuritaire, parce que les avocats sont concernés ?
Surtout que certains, dans le bureau d’un Procureur ce Mardi, n’ont pas manqué d’en faire la remarque, en revenant sur le rôle qu’ils avaient joué il y’a quatre ans, avec les conséquences connues de tous.
Les avocats aujourd’hui sont – ils au dessus des Lois au Cameroun ? Il serait intéressant que le ministre de la Justice Garde des Sceaux et son plus proche collaborateurs, répondent également à ces questions, en plus de celles posées par Me Claude Assira.
Nicole Ricci Minyem