Lors de leur dernière entrevue au palais de l’unité, durant les deux heures et plus qu’à durer le tête à tête, les deux hommes ont abondamment parlé de la modification constitutionnelle en cours de réflexion. Il ressort de leur discussion qu’il est peut-être un peu tôt pour mener l’opération.
Tous les signaux étaient au vert pour que le projet de loi soit déposé à l’Assemblée Nationale au cours de cette session parlementaire de Juin en cours. Mais aux dernières nouvelles, Paul BIYA aurait décidé de reporter le projet de modification de certaines dispositions de la Constitution en vue de la création d’un poste de vice-président et autres permettant une transmission du pouvoir en douce. Le Chef de l’Etat en a discuté avec l’ambassadeur de France au Cameroun. Le représentant français s’est dans un premier temps contenter de présenter la position de l’Elysée et les attente de son pays quant à la garanti de la protection des intérêts français.
Dans son nouvel agenda, le Chef de l'Etat n’a pas précisé de calendrier précis à son interlocuteur. Toutefois, Paul BIYA reste « un démocrate » sur qui les français peuvent compter. Il reste le meilleur interlocuteur, car il est le seul à avoir toutes les cartes en main dans le jeu du pouvoir actuellement au Cameroun. Il faut dire que les noms de Franck BIYA et de René SADI sont régulièrement avancés jusqu’ici comme devant occuper les deux postes de vice-président. Déjà à ce niveau, si c’était avéré, on peut se rendre compte que Paul BIYA met toujours en concurrence les acteurs qui sont propulsés au-devant de la seine politique. Mais rien n’exclut que le Chef de l'Etat sorte de sa casquette le moment venu, une autre personnalité en qui il mettra sa confiance pour la direction de la Nation.
La République française entend ne pas intervenir directement dans les opérations de modification et de transfert du pouvoir au dauphin politique le moment venu. Les partenaires du Cameroun attendent simplement que les camerounais entre eux s’accordent pour proposer à la communauté international un homme ou une femme qui pourra ramener la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et permettre aux camerounais d’enclencher un développement qui amène plus de jeunes à rester sur le territoire camerounais et à d’autres qui sont à l’étranger de réussir leur retour au pays.
D’après des révélations de Boris Bertolt, Paul BIYA est encore en train d’évoluer dans les stratégies. « Les choses ont beaucoup évolué et peuvent encore changer. Dans un premier temps, alors que Franck Biya et René Sadi étaient pressentis à la vice-présidence, Paul Biya pense plutôt aujourd’hui à l’instauration de deux postes de vice-président qu’il souhaitait confier à l’actuel Premier ministre Dion Ngute, qu'il reçoit régulièrement et dont il apprécie particulièrement la combativité et au ministre Ibrahim Talba Malla qui se trouve pourtant embourbé dans un gigantesque scandale à la Sonara sur lequel nous reviendrons très prochainement. Cette équation permettait à Paul Biya de résoudre une partie de l'équation sur la place des anglophones au sommet de l’Etat en ayant un vice - Président anglophone et un vice - Président francophone.
Dans la foulée, Paul Biya avait prévu un resserrement de son gouvernement suivi d'un remaniement ministériel de grande ampleur avec, à nouveau, un premier ministre francophone en la personne de Laurent Esso, l’actuel ministre de la Justice. Le secrétariat général de la présidence aurait été coiffé par un nouveau ministre d'Etat, Louis Paul Motaze ; Paul Biya voulait aussi innover avec un nouveau ministère de l'Intérieur et de la Sécurité coiffant la Police qui aurait échu à Paul Atanga Nji tandis que le ministère délégué à la Défense devait atterrir dans les mains du gouverneur Okalia Bilai, actuel gouverneur du Sud-Ouest. »
Stéphane NZESSEU