Depuis mi-avril 2020, l’intellectuel camerounais est taxé d’antisémitisme par des journaux allemands à propos du contenu de son ouvrage intitulé « Politiques de l'Intimité », paru aux éditions de la Découverte en 2016. Pour rompre définitivement avec le débat, Achille a décidé de sortir de son silence.
Achille Mbembe est depuis près d’un mois au cœur d’une polémique dans la sphère politico-médiatique. Pour avoir « dressé » un parallèle entre l’Apartheid en Afrique du Sud et la situation des Palestiniens dans son ouvrage, l’écrivain camerounais est accusé d’antisémitisme par des journaux allemands tels que Die Zeit, le Frankfurter Allgemeine, le Süddeutsche Zeitung etc.
Dans une déclaration, Achille Mbembe rassure et répond à ses détracteurs. « Si je vous écris, c’est d’abord pour vous rassurer. Je suis à Johannesburg. Je me porte bien, et je suis en sécurité. Les premiers qui sont venus à mon secours et qui m’ont prêté leurs voix, ce sont des savants, intellectuels, chercheurs, écrivains, artistes et diplomates israéliens, juifs, allemands et palestiniens. Certains d’entre eux, je ne les connaissais que de nom », fait savoir le philosophe, historien et politologue.
Il rappelle à titre utile, les conditions morales qui lui impose la lutte contre l’antisémitisme. « La lutte contre l’antisémitisme et le néonazisme relève de l’urgence absolue. De par sa singularité, le projet d’annihilation des juifs en plein cœur de l’Europe moderne constitua une implacable rupture dans la conscience non seulement européenne, mais dans son ensemble. Nier ce fait essentiel dessert toutes les luttes pour la justice et l’égalité dans le monde, et pas seulement la lutte « contre la haine des juifs ». En retour, le combat sans concession contre l’antisémitisme ne saurait, ni sur le plan éthique, servir de prétexte pour alimenter les racismes contre d’autres peuples de la terre, pour les réduire au silence, étouffer leur plainte, ou disqualifier les rêves d’égalité, de justice et de liberté qu’il porte », relève-t-il.
Achille s’interroge
Quant à la polémique qui s’en est suivie dans le milieu politico-médiatique allemand, l’intellectuel camerounais s’interroge, « que se passe-t-il ? ». Achille Mbembe dit avoir reçu plusieurs messages de la part des personnes qui s’inquiètent à son sujet, de son bien-être, de sa sécurité. Des inquiétudes tenant au fait qu’ils ont appris depuis des semaines que Achille fait l’objet des attaques, de la part des milieux de droite et d’extrême-droite en Allemagne. « A l’origine de cette campagne de diffamation se trouve un politicien local de la Rhénanie Nord-Westhanie. Il s’appelle Lorenz Deutsch. Il ne me connaît pas et je ne le connais pas. Il est officiellement membre du FPD. Certains d’entre vous me demandent s’il entretient quelque lien que ce soit avec les milieux néonazis et ultra-nationalistes. Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne voulait pas que je prononce la grande conférence d’ouverture du Festival de la Ruhrtriennale de cette année. Le festival a été annulé pour cause de Covid-19 », déclare l’écrivain.
Dans cette dynamique, Achille Mbembe pense, ce « politicien ne pouvait pas dire qu’il ne voulait d’un nègre au festival. Il ne pouvait pas dire qu’il s’opposait à moi parce que je soutiens des thèses anticoloniales. Ou que j’ai pris position pour la restitution des objets d’art africains. Ou que je m’oppose au traitement que l’Europe fait subir aux migrants et aux demandeurs d’asile ».
Instrumentalisation
Le politologue conclut qu’il s’agit tout simplement d’une instrumentalisation de l’antisémitisme car précise-t-il que les choses ont pris une tournure dangereuse lorsque, armé de son tissu de mensonges, Lornz Deutsch est allé voir Félix Klein, le Commissaire du gouvernement fédéral pour la lutte contre l’antisémitisme et lui a fait endosser. « Ce dernier s’est fendu de déclarations dans les médias. Depuis, lors il ne se passe plus un seul jour que soit publié un article à mon sujet, que ce soit dans la presse régionale ou nationale », révèle Achille Mbembe.
Innocent D H