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Relance de la filière cacao: l’ambitieux programme de l’Etat camerounais

mercredi, 27 mars 2019 16:19 Otric N.

En vue de repartir à la conquête du rang que le Cameroun occupait jadis au classement des leaders mondiaux en termes de production, et dans sa détermination à être un maillon essentiel de la relance, la Société de développement du cacao (Sodecao) a organisé du 20 au 22 mars derniers à Ebolowa, un atelier en vue de l’adoption d’un plan de relance de la cacaoculture.

 

Dans un entretien paru dans les colonnes du quotidien national Cameroon Tribune le mercredi 27 mars 2019, Jean-Claude Eko'o Akouafane, directeur général de cette entreprise, évoque les pistes de sortie de ce marasme et jette un regard optimiste sur l’avenir de la filière.

Au Cameroun le cacao contribue à hauteur de 15% aux recettes d’exportation, représente 2,1% du Pib et constitue la principale source de revenus pour 500 000 à 600 000 familles. Comment expliquez-vous la méforme actuelle de la filière ?

On peut soutenir que ce retournement a son origine dans la crise qui a frappé le pays dans les années 80-90 et qui a conduit aux plans d’ajustement. Lesquels plans ont prôné le désengagement de l’Etat du secteur de production et donc il y a eu un désinvestissement qui a frappé de plein fouet la filière cacao et la Sodecao qui est le bras séculier de l’Etat. Par la suite, des mesures n’ont pas été prises pour corriger cette situation. Nous souffrons d’un sous-investissement dans ce secteur. Ceci a concerné tous les segments de la filière.

Actuellement, nous décrions une absence criarde du matériel végétal de qualité. A l’époque par exemple, le champ semencier de Nkoemvone produisait dans les années 80  à lui seul 1 200 000 cabosses-semences. Aujourd'hui, ce champ qui est le principal champ semencier du Cameroun, produit à peine 60 000 cabosses-semences. L’insuffisance de l’offre en matériel végétal découle de cette situation parce que les autres champs ont subi la même tendance.

Depuis un certain temps, on a cessé le traitement du verger qui a une conséquence mécanique sur la production. Le verger est malade. Le sol n’est plus fertilisé. Le Conseil agricole, faute de ressources humaines, n’existe plus. Voilà le tableau que présente la cacaoculture aujourd'hui. A cause de ce désinvestissement, les investissements n’ont pas suivi. Ce qui fait qu’à ce jour, la cacaoculture est loin d’être attractive. Les bassins de production sont complètement enclavés et la Sodecao elle-même ne dispose plus d’un parc d’engins de nature à résoudre cette situation.

La Sodecao vient de réunir près d’une centaine d’experts à Ebolowa pour adopter un plan de relance de la filière. Quelles sont les mesures qui ont été arrêtées ?

Nous avons identifié les piliers de ce plan de relance qui sont au nombre de trois. Au plan agronomique, il faut résoudre le problème de la faiblesse des rendements qui consiste à accroître l’offre de matériel végétal, mais il faut parallèlement et en même temps résoudre le problème de fertilisation des sols, du Conseil agricole et de protection du verger. En la matière, c’est une démarche holistique qu’il faut. Si vous négligez un seul élément de ce dispositif, tous les efforts sont anéantis.

Il faut également améliorer l’attractivité qui repose sur une remise à niveau de toutes les ressources (humaines, financières et matérielles). L’objectif de ce plan vise à accroître la contribution de la Sodecao dans la production cacaoyère du Cameroun et la vision qui nous anime est de nous orienter vers l’industrie cacaoyère. Il faut arriver à la transformation qui pourra permettre au pays de gagner de la valeur ajoutée, des revenus, des emplois, etc.

Ce plan de relance s’étale sur la période 2020-2027. Au regard de l’urgence de la situation et des enjeux, pensez-vous que le délai de sept ans soit raisonnable ?

Nous sommes dans un secteur particulier. Vous n’ignorez pas les lois de la nature. Une action d'aujourd'hui porte ses fruits dans trois ans. Alors, le délai de sept ans me semble tout à fait raisonnable pour enclencher une action à condition que des moyens suivent. Quant aux sources de financement, nous essayons déjà d’activer nos leviers tels que les partenariats. Nous voulons aller vers les exportateurs pour leur dire que vous pouvez acheter du cacao, vous pouvez produire vous-mêmes du cacao pour améliorer vos marges. Et nous aurons gagné dans le développement de la cacaoculture.

Nous ne louperons aucune occasion de ce genre pour œuvrer dans le sens du développement, mais nous comptons sur l’onction de l’Etat qui est en définitive l’acteur principal de tout ceci. Je crois que l’Etat a tout intérêt à aller vers cette démarche qui viserait à rompre avec une économie de rente, pour créer de la valeur ajoutée, des revenus et des emplois. Nous pensons que l’Etat ne restera pas insensible à cette approche.

Otric N.

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