Avec un marché de plus de 50 milliards de dollars US par an, la production et la commercialisation du cuir et de ses dérivés demeure un vivier important de richesse et le Cameroun compte exploiter tous ses atouts pour avoir part à ce gâteau financier.
La transformation de peaux d'animaux est une véritable chaîne de production. Elle commence par l'abattage et s'achève par la commercialisation des produits finis, en passant par la transformation grace aux techniques de la tannerie. D'où la présentation de cette filière comme un gisement inépuisable d'emplois. Collecteurs, tanneurs, couturiers, stylistes et autres artisans ne se tournent jamais les pouces. De nombreuses sous filières peuvent être ainsi dégagées de l'exploitation de la peau des animaux.
A Maroua, tout commence après le dépeçage de l'animal à l'abattage. Les collecteurs se ruent donc sur les peaux, qui constituent la matière première, utilisés pour divers usages. Certains ménages en achètent pour la consommation directe. Mais les collecteurs livrent la grande partie aux tanneurs, qui transforment la peau en cuir, prête à être utilisée pour la fabrication des chaussures, vêtements, des meubles et bien d'autres produits encore. Il faut le savoir, la production du cuir est dépendante de l'élevage du petit et du gros bétail dont la peau est ainsi transformée. En ce sens, la région de l'Extrême Nord de notre pays apparaît dès lors comme le lieu propice au développement de cette industrie.
Conscient des enjeux autour du marché du cuir, le gouvernement camerounais vient de mettre en fonction le centre de traitement du cuir et des peaux à Maroua. Un centre technique essentiellement dédié au développement de l'industrie du cuir dans la région. Constitué d'un bâtiment administratif, des magasins, des hangars, c'est un centre mis sur pied avec la collaboration de la Fédération des Artistes de la Tannerie et du Cuir.
Situé à Madjema, une banlieue de la capitale régionale de l'Extrême Nord, il s'agit d'un centre ultramoderne dont l'objectif principal est la modernisation des pratiques traditionnelles de transformation des peaux d'animaux en cuir répondant aux normes internationales. A termes, l'État à travers cet outil stratégique va doper la croissance de la productivité dans la filière. Ce qui augure une augmentation en qualité et en quantité du cuir camerounais, avec la conséquence d'une plus grande présence du produit camerounais dans les transactions internationales de la filière.
Avec l'appui technique de l'école polytechnique de Maroua, le centre de traitement de cuir de la ville éponyme deviendra dans les prochaines années le technopole de l'industrie de la peau d'animaux dans la sous région. Encore faudrait il maîtriser l'intrant principal de cette activité : l'élevage des animaux. Il est primordial qu'en amont les mesures soient prises pour développer l'élevage industriel dans le septentrion camerounais.
La chaine de production du cuir, au-delà des dérives déjà connus est également bénéfique pour l'économie parce qu'elle va également faire croitre la consommation de la viande dans la société. Ceci pour le plus grand bien des populations.
Stéphane Nzesseu