Le ministre délégué camerounais en charge de l’Economie, Paul Tasong, a présidé le 14 décembre 2018 à Kribi, cité balnéaire du Cameroun, la restitution de l'étude d'avant-projet sommaire relatif au pont sur le fleuve Ntem. C'est sur la transnationale Kribi-Campo-Bata, reliant le Cameroun et la Guinée équatoriale.
La partie équato-guinéenne était représentée par Baltasar Engonga Edjo’o (ministre en charge de l’Intégration régionale), et Reginaldo Asu Mangue, ministre délégué en charge des Travaux publics, du logement et de l'urbanisme.
Au terme de la restitution de l’étude, rapporte Investir au Cameroun, le ministre Paul Tasong a indiqué qu’après sa construction, ce pont dont la longueur est comprise entre 600 et 800 mètres, permettra «de renforcer et d’accroître la circulation des personnes et des biens entre les deux Etats, de faciliter et promouvoir les échanges commerciaux, et enfin, d’assurer la traversée du fleuve en toute sécurité».
Les parties ont convenu de se réunir à Douala, la capitale économique camerounaise, le 1er février 2019, à l’effet de choisir le site d’implantation ainsi que le type de pont sur la base des résultats de l’étude d’avant-projet sommaire et des propositions du Comité technique mixte de suivi du projet.
C’est depuis 2013 que la Banque africaine de développement (Bad) a donné son accord de principe pour l’octroi d’un financement de 2 milliards FCFA pour construire le pont sur le Ntem. Le reste du financement devant être supporté à parts égales par les deux Etats. En 2016, un contrat a été signé avec le groupement ECTA BTP/Tractebel, en vue de l'étude technique.
Bon à savoir, le Cameroun et la Guinée Equatoriale sont liés par un Traité d'Amitié et de Bon Voisinage. Signé à Yaoundé le 26 janvier 1980 entre le gouvernement de la République Unie du Cameroun et le gouvernement de la République de Guinée-Equatoriale, le Traité d'Amitié et de Bon Voisinage a été ratifié par le Cameroun le 04 février 1980.
Cet accord vise à jeter les bases d'une future coopération bilatérale pacifique et comporte huit articles qui précisent les engagements mutuels entre les deux Etats en vue d'une part, les objectifs communs visés pour une relation harmonieuse et d'autre part, les domaines de collaboration.
Aux termes de cet accord, les objectifs ci-après sont poursuivis :
- Maintenir une paix permanente, une amitié solide et un bon voisinage découlant naturellement de la fraternité qui lie les peuples des deux pays ;
- Préserver, sauvegarder et respecter l'intégrité territoriale, la personnalité et la souveraineté de chacun des deux pays ;
- Renforcer leurs relations communes dans tous les domaines, afin de contribuer à l'élargissement du champ de compréhension mutuelle entre les peuples frères de la Guinée Equatoriale et du Cameroun ;
- Ne pas recourir à l'emploi de la force entre les deux pays et résoudre tout litige ou tout différend de quelque forme que ce soit par les moyens pacifiques, conformément à l'esprit de fraternité, d'amitié et de bon voisinage, et aux principes de l'Organisation de l'Unité Africaine ;
- N'adhérer à aucun pacte ni aucune coalition ou association de personnes physiques ou morales dirigés contre l'un des deux Etats ;
- Soumettre toutes les questions d'intérêt commun à des commissions mixtes bilatérales d'experts qui auront pour mission de trouver des solutions adéquates susceptibles de promouvoir rapidement la coopération souhaitée.
Il apparait de toute évidence que les objectifs de ce texte se résument à quelques principes directeurs que sont la : fraternité à travers la recherche de l'instauration d'un climat d'amitié, de bon voisinage ; l'égalité souveraine à travers le respect du principe de non-ingérence dans les affaires internes d'un autre Etat en dépit de la différence de taille des deux pays enfin, la réciprocité et le principe de l'unité africaine.
Ces objectifs rentrent en droite ligne des fondements même de l'action et de la conduite diplomatiques du Cameroun depuis la reconnaissance internationale du principe de sa double souveraineté interne et externe. C'est aussi le témoignage de son caractère de havre de paix dont les tentacules s'étendent au-delà des frontières nationales.
Ces objectifs témoignent de la volonté politique forte partagée par les deux Etats limitrophes comme préalable indispensable à une coopération forte, sincère et mutuellement bénéfique. Car celle-ci nécessite d'une part, une bonne connaissance et une relation de confiance entre les parties susceptibles d'engager une coopération transfrontalière et d'autre part, un travail coordonné des services techniques des différentes structures engagées pour donner forme au projet ou à la démarche de coopération, qu'elle concerne une région de quelques milliers d'habitants ou une sous-région ; indépendamment des domaines dans lesquels ils souhaitent entretenir des relations.
Otric N.