C’est la quintessence d’une correspondance adressée le 14 juillet dernier au Premier ministre, Chef du Gouvernement par le Secrétaire général de la présidence de la République (SG/PR), Ferdinand Ngoh Ngoh. Ainsi, l’Etat opte finalement pour la cession des parts majoritaires de la compagnie nationale de transport aérien à un opérateur privé, comme prévu par les textes de création de la Camair-Co. Cependant avant de passer à cette privatisation, le Gouvernement camerounais est appelé à rendre l’entreprise vendable.
« Le Chef de l’Etat demande au Premier ministre, Chef du Gouvernement, d’élaborer en urgence, en collaboration avec le ministre des Transports, le ministre des Finances, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, la Camair-Co et la CCAA (Autorité aéronautique), un plan de restructuration, de relance et de développement de la compagnie, dans l’optique d’ouvrir son capital social à hauteur 51% à un partenaire stratégique privé, conformément à l’article 5 du décret du 11 septembre 2006, portant création de la Camair-Co », telle est l’extrait de la correspondance adressée par le SG/PR au Premier ministre, Chef du Gouvernement Joseph Dion Ngute.
Contexte
Cette décision de privatisation intervient à la suite de nombreuses difficultés financières auxquelles est confrontée au fil des années la compagnie aérienne nationale depuis le lancement de ses activités qui remonte à 2011. Une situation aggravée surtout avec la crise sanitaire imposée par le coronavirus dont l’impact sur la vie des entreprises de transport n’est plus à démonter.
Le 19 juin dernier, le commissaire au compte de la Camair-Co tirait déjà la sonnette d’alarme sur la situation opérationnelle et financière catastrophique de la compagnie devenue pratiquement un gouffre à sous pour le trésor public camerounais.
Dans les détails, le cabinet Okalla Ahanda précisait : « nous avions déjà relevé dans notre rapport de commissariat aux compte au titre de l’exercice 2015, émis le 09 avril 2018 que les capitaux propres de la Camair-Co étaient devenus inférieurs à la moitié du capital social, et que l’Assemblée générale (AG) devait décider s’il y a lieu de procéder à la dissolution anticipée de la Société ou non (…). La compagnie dispose désormais d’un seul aéronef (MA 60) susceptible de voler à brève échéance (…). Le personnel cumule actuellement quatre mois d’arriérés de salaires pour une masse salariale mensuelle d’environ 500 millions de FCFA ».
Le commissaire au compte de la Camair-Co révélait également que la dette de la compagnie a atteint 110 milliards de FCFA et les pertes annulées au 31 décembre 2018 étaient de 99,2 milliards de nos francs. A ces pertes, il faut ajouter celles prévisionnelles de 15 milliards de FCFA au titre de l’exercice 2019 et de 12 milliards au titre du premier semestre 2020.
Autres points
La correspondance adressée au Premier ministre par le SG/PR relève que le Chef de l’Etat a récemment ordonné une nouvelle allocation de 15 milliards de FCFA au profit de la Camair-Co. Des financements qui devront servir à « l’envoi en maintenance de l’un des Boeing 737-700 NG ; l’acquisition de deux aéronefs Dash Bombardier Q400, mieux adaptés aux lignes de courte distance ; et la location de deux moteurs susceptibles de permettre la remise en vol du deuxième Boeing 737-700 NG » de la compagnie. La correspondance indique également la rationalisation de la gestion des ressources humaines et la réduction de la masse salariale.
Innocent D H