Deux assaillants ont été tués mercredi dans la localité camerounaise de Bangourain (Ouest), au cours d’une attaque, la deuxième en l’espace de trois jours, attribuée aux sécessionnistes anglophones de la région voisine du Nord-Ouest.
Situé dans le département du Noun, ce grand carrefour de quelque 30.000 habitants avait été le théâtre, le 23 décembre, d’une expédition des mêmes séparatistes qui avaient tué un veilleur de nuit, blessé plusieurs innocents, incendié environ 80 maisons et pris des dizaines de personnes en otage.
Le lendemain, et alors que les autorités administratives et traditionnelles se rendaient sur place, ce sont des dizaines de résidents qui quittaient massivement Bagourain pour se réfugier dans des lieux réputés plus sûrs.
Dans un message sur les réseaux sociaux, Koupit Adamou, membre du bureau politique de l’UDC, appelait à l’intervention rapide et efficace des pouvoirs publics. «Il faudrait que le gouvernement camerounais, que les autorités fassent un renfort important de manière à ce que les limites maritime et terrestre soient quadrillées par les forces armées. Sinon, à l’allure où vont les choses, nous avons peur que cela puisse dégénérer en une guerre civile entre deux populations (du Noun et du Nord-Ouest) qui jusqu’ici vivaient en paix».
Informé de la situation, le chef de l’État Paul Biya a dépêché sur place son ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, en vue de réconforter les sinistrés et de leur remettre du matériel de reconstruction, ainsi que des denrées alimentaires et sanitaires.
«Tous ces terroristes seront traqués et remis à la justice», a-t-il déclaré à l’endroit des populations, promettant une sécurisation plus renforcée de l’arrondissement avec la police, la gendarmerie et l’armée.
«Nous sommes arrivés aujourd’hui et nous sommes en train d’y aller avec le gouverneur (de la région de l’Ouest, Ndlr) pour revisiter cet arrondissement et les populations sinistrées, et leurs apporter officiellement les dons du Chef de l’Etat en prêchant la paix. Ces populations sont frustrées, ils ont été victimes des exactions des terroristes», a ajouté Paul Atanga Nji.
Le Sultan, El Hadj Ibrahim Mbombo Njoya, roi de Bamoun (membre influent du parti au pouvoir), va effectuer ce jeudi, une descente à Bangourain, pour appeler à l'apaisement et à la sérénité. Il demandera aux populations de Bangourain de rester sur place.
C’est la première fois que les violences sécessionnistes, qui ont cours depuis octobre 2016, débordent les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le Président de la République, à l’occasion de son investiture le 6 novembre 2018, lançait un appel aux groupes armés séparatistes des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. «Je leur lance un appel à déposer les armes et à retrouver le droit chemin. J’en appelle particulièrement aux jeunes qui se sont laissé entraîner dans une aventure sans lendemain», avait déclaré le locataire du palais d’Etoudi.
Le Chef de l’Etat a donné la chance aux membres de ces groupes armés ainsi qu’aux ex-combattants de Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, de reprendre une vie normale. Paul Biya a en effet créé vendredi 30 novembre, le Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration des ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Otric N.