Désormais, les habitants sont libres de circuler entre 6 h et 21h. C’est le 25 novembre dernier que le gouverneur a pris cette décision, quelques heures après l’attaque d’un groupe d’individus armés, qui ont réussi à couper la route entre Bamenda – Bafoussam à Mille 7.
La décision de l’autorité administrative ne se limite pas à ce niveau. La circulation a été rétablie dans certaines villes ou localités et, les agences de voyages et les boutiques ont reçu l’autorisation de rester plus longtemps ouverts, ce qui va permettre, selon Adolphe Lele Lafrique, de réduire l’impact négatif que les précédents couvre -feu ont occasionné pour l’économie dans ces deux régions. Une décision fortement appréciée au sein de la population.
« C’est vrai que depuis l’année dernière, on ne savait vraiment plus quoi faire. Parfois, lorsqu’on trouvait la marchandise, elle se gâtait dans la boutique que vous voyez là, les clients étaient introuvables, chacun a peur et même comme c’est toujours le cas maintenant, nous pensons qu’avec la décision prise par le gouverneur, les gens n’auront plus trop peur… », Témoignage de Joan, commerçante dans la ville de Buea.
Pour Omar Salif, commerçant nigérien, c’est une mesure qui va permettre à ses frères de revenir vers Bamenda : « Moi, je pense qu’il faut dire merci à monsieur le gouverneur. Regardez autour de vous, tous mes frères sont partis, ils ont fui. Ils sont partis au Nigéria, à Douala, à Yaoundé et, même vers la Guinée Equatoriale… Même comme l’armée est dans les rues, nous, on ne se sent pas beaucoup en sécurité. Moi, je suis resté parce que je n’ai plus personne dans ma famille. J’habite ici depuis vingt ans et, je veux dire merci à l’armée camerounaise, ils ne viennent pas voler dans les boutiques, comme les autres, on a même plutôt envie de leur faire des cadeaux, pour le travail qu’ils font… ».
Ils ne sont pas les seuls, Nelson Njie a décidé de revenir au Cameroun, après quelques mois passés dans un autre pays : « J’ai décidé de revenir chez moi. C’est mon pays ici, c’est ma maison ici, c’est ma famille ici. J’ai fui en 2017, j’ai fui et je suis partie au Nigéria, je ne peux pas vous dire comment on souffre là-bas. Les ambazoniens sont entrés dans notre groupe et, ils nous menacent tout le temps, en promettant de tout nous reprendre, même le peu que nous avons emporté, si on ne leur donne pas nous même. Ils droguent les enfants et, les obligent même à entrer dans leurs choses. J’ai donc décidé de revenir mourir chez moi, parce que nous avons fui pour ne plus avoir à faire avec eux… ».
L’escalade des violences dans les deux régions anglophones du Cameroun est la cause de l’instauration d’un couvre-feu, en 2017. L’on avait alors assisté à la fermeture des bars, des snack-bars, des discothèques et autres sites sur lesquels les habitants avaient pris l’habitude de se retrouver. Et, puisque les amba boys, du nom des terroristes avaient pris l’habitude d’utiliser les motos, pour commettre leurs forfaits, les gouverneurs ont interdit leur circulation jusqu’à une certaine heure. Seules les autorités administratives et policières, les ambulances et les personnes en possession d’une autorisation de circulation, en étaient épargnées.
Nicole Ricci Minyem