Tibor Nagy, le secrétaire d'État adjoint américain pour l'Afrique, a déclaré jeudi que la crise séparatiste anglophone au Cameroun pourrait encore s’aggraver, précisant que "la dernière chose dont nous avons besoin" est une radicalisation croissante en réponse aux actions des forces de sécurité, et que la situation dans ce pays d'Afrique centrale se détériorait de jour en jour et l’inquiétait énormément.
Depuis la fin de l’année 2016, des mouvements sécessionnistes ont entamé une phase d’actions terroristes contre les populations civiles qui ne les soutiendraient pas dans leurs actions, tout en s’en prenant également aux forces de sécurité.
Les États-Unis appellent au dialogue entre le gouvernement camerounais et les séparatistes anglophones, a déclaré Nagy lors d’une conférence téléphonique avec les journalistes.
Les rapports entre la diplomatie américaine et les autorités camerounaises ont également connus des moments de tensions, suite aux recommandations de l’ambassadeur américain à Yaoundé, concernant les conditions de sécurité à l’aéroport international de Yaoundé, alors même que ce dernier s’était doté de processus de sécurisation modernisés et mieux adaptés.
Les affrontements entre les séparatistes et les forces de sécurité camerounaises ont fait fuir des centaines de milliers de personnes ces derniers mois, faisant des centaines de morts dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Nagy a pris pour exemple le Nigeria, où selon lui la "réponse brutale" du gouvernement à l’extrémisme de Boko Haram avait entraîné une augmentation du nombre de membres de la secte islamiste.
Le diplomate américain a suggéré "une forme de décentralisation" au Cameroun, comme indiqué dans un projet de constitution pour le pays.
Alors que le président camerounais Paul Biya prenait ses fonctions le septième jour de son mandat le mois dernier, il a exhorté les séparatistes à abandonner leurs armes et à se faire pardonner ou à se préparer à être tués. Des actions militaires ont commencé peu de temps après, accompagné également de la signature d’un décret afin de mettre en place un Comité de désarmement afin de réintégrer dans la société les combattants séparatistes renonçant aux armes.
Lors de son discours d’investiture du 7 novembre dernier, le président Paul Biya avait indiqué «À ces entrepreneurs de guerre, je leur lance un appel à déposer les armes et à retrouver le droit chemin. J’en appelle tout particulièrement aux jeunes qui se sont laissés entraîner dans une aventure sans lendemain».
Peter T.