Dix séparatistes anglophones jugés à Yaoundé pour terrorisme et sécession, dont le leader Julius Ayuk Tabe, ont récusé leur nationalité camerounaise et exigé leur renvoi au Nigeria où ils avaient été arrêtés début 2018. Leur procès devant un tribunal militaire de Yaoundé a été suspendu et renvoyé au 7 février.
Arrêtés au Nigeria en janvier 2018 puis transférés au Cameroun, les 10 leaders séparatistes ont demandé à être renvoyés au Nigeria pour que le litige sur leur nationalité soit tranché, ont plaidé leurs avocats. Selon l’AFP, alors que les juges lui demandaient s'il disposait d'une pièce d'identité de l'Ambazonie - Etat anglophone virtuel dont se réclament les indépendantistes - M. Ayuk Tabe n'a présenté aucun document à la barre.
Les avocats des séparatistes ont argué que dès lors que les accusés contestent la nationalité camerounaise, le tribunal devait suspendre le procès, les renvoyer au Nigeria où ils résidaient pour certains ou étaient réfugiés pour d'autres. Un tribunal civil pourra, là-bas, trancher la question de leur nationalité, ont-ils plaidé.
Pour le parquet du tribunal, ces arguments sont irrecevables: «ces personnes ont été arrêtées et formellement identifiées comme étant des Camerounais», a soutenu un membre de ce parquet, indiquant notamment que M. Ayuk Tabe avait lors de son arrestation un passeport camerounais, qui a expiré en février 2018. Le leader n'a pas eu la parole pour contester ou non cette information.
Leurs avocats ont de même soutenu qu'il n'existe aucun accord d'extradition entre le Nigeria et le Cameroun pour justifier le transfèrement l'an passé de 47 séparatistes. Parmi ceux-ci, dix sont devant un tribunal militaire depuis début décembre, les autres attendent toujours leur procès. M. Ayuk Tabe et la plupart des 46 autres militants anglophones arrêtés au Nigeria constituaient la branche politique des séparatistes camerounais, plaidant pour un dialogue avec Yaoundé et refusant la violence.
Les séparatistes militent pour la création d'un Etat indépendant dans le Nord-ouest et le Sud-ouest du Cameroun, théâtre d'un violent conflit armé depuis fin 2017. Des affrontements entre l'armée et ces séparatistes armés, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent depuis quasiment chaque jour.
Dans ce conflit, se sont en outre invités bandits et pillards qui rackettent les populations et les entreprises. Plus de 200 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit, ainsi que plus de 500 civils, selon le think-tank International Crisis Group (ICG).
Dans une déclaration sur son compte twitter ce mardi 8 janvier 2019, le Chef de l’Etat se dit touché de la situation sécuritaires dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest et exprime sa compassion pour les concitoyens de ces deux régions anglophones.
«J’ai dit et je le confirme que j’éprouve la plus grande sollicitude envers les populations de ces deux régions (Nord-Ouest et du Sud-Ouest). Je suis très sensible à leurs inquiétudes concernant leur sécurité et à leurs aspirations touchant le retour au calme et à une vie sociale normale», a-t-il écrit.
Dans son message à la Nation, le 31 décembre 2018, le Président de la République a promis de neutraliser les séparatistes s’ils ne déposent pas les armes comme il leur avait proposé le 6 novembre 2018, lors de son investiture.
Otric N.