Selon le secrétaire d'État américain adjoint aux Affaires africaines, Tibor Nagy, il faut que le gouvernement «ouvre le dialogue».
«La crise en zone anglophone s’accentue de jour en jour», affirme le secrétaire d’État américain adjoint aux Affaires africaines, dont les propos sont relayés par RFI ce jeudi. «Si aucune solution n’est trouvée rapidement, ajoute Tibor Nagy, nous craignons une radicalisation dans les zones anglophones qui pourrait accroître le soutien dont bénéficient les extrémistes».
Il faut que le gouvernement ouvre le dialogue réitère Tibor Nagy. «Les États-Unis appellent au dialogue entre les deux partis, afin de trouver un compromis, comme par exemple une certaine forme de décentralisation dans les zones anglophones. La Constitution du pays prévoit une certaine forme de décentralisation et un peu plus de contrôle local pour chacune de ses régions. Mais cette Constitution n’est pas entièrement mise en application. Je suis très inquiet, et je crains que la situation ne s’aggrave si une solution n’est pas rapidement trouvée».
Un appel qui jusqu’à présent est resté lettre morte. En octobre dernier, le président camerounais Paul Biya a été réélu pour un septième mandat sur fond de crise dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Des affrontements entre armée et séparatistes ont lieu quasiment tous les jours.
Lors de sa prestation de serment le mois dernier, le président Paul Biya a demandé aux séparatistes anglophones de déposer les armes. Et de «retrouver le droit chemin». Sans aucune allusion à de quelconques négociations.
«A ces entrepreneurs de guerre, qui mettent à mal notre unité nationale et prônent la sécession, il faut qu’ils sachent qu’ils se heurteront non seulement à la rigueur de la loi, mais aussi à la détermination de nos forces de défense et de sécurité. Je leur lance un appel à déposer les armes et à retrouver le droit chemin», a déclaré Paul Biya.
Quant à la conférence générale des anglophones – organisée par les différents leaders religieux fin novembre – et destinée à apporter des solutions à cette crise, elle a dû être reportée, faute d’avoir obtenu l’autorisation de l'administration.
La persistance du conflit armé entre forces de défense et combattants sécessionniste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest reste l’objet de préoccupations du gouvernement américain. Ce, d’autant plus que la population civile se retrouve au prises entre les deux feux. Le département d’Etat américain a appelé le 7 novembre dernier les autorités et les groupes armé séparatistes à cesser immédiatement les attaques et l’incendie des domiciles des populations civiles.
«Nous demandons qu’il soit immédiatement mis fin aux attaques aveugles dirigées contre les civils et aux maisons incendiées par les forces gouvernementales camerounaises, ainsi qu’aux attaques perpétrées par les séparatistes anglophones contre les forces de sécurité et les civils», a indiqué le département d’Etat américain dans un communiqué disponible sur son site.
Une cinquantaine de villages a été brulée, totalement ou partiellement, depuis le début de la crise anglophone. Les populations des localités concernées ont fui au Nigeria ou dans des villes voisines. Face à tout cela, séparatistes et forces de défense se rejettent mutuellement les responsabilités.
Otric N.