Le Social Democratic Front (SDF) du Littoral, Jean Michel Nintcheu, et quelques jours après lui, le Président du MRC, Maurice Kamto, ont décidé chacun pour le compte de son parti, de mener des marchés pacifiques en vue de revendiquer de manière générale, une meilleure gestion des affaires publiques dans notre pays.
C'est depuis le 09 Décembre 2018 que le Comité Exécutif du Social Democratic Front (SDF) a pris l'engagement de procéder à des marchés dans la ville de Douala pour protester contre le retrait humiliant de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2019 au Cameroun. La session ordinaire du comité régional pour le littoral, tenue dans la salle des Actes de la Commune d'arrondissement de Douala 3eme, que présidait l'honorable Jean Michel Nintcheu, a décidé de descendre dans les rues de Douala pour demander que des têtes tombent après ce scandale du retrait de la CAN.
Nintcheu veut que soit lavé l'affront fait au Cameroun.
C'est le fait d'actualité qui aura terni la brillante victoire quelques jours avant de la présidentielle par Paul Biya. Le retrait de la Can est une belle occasion de rebondissement politique pour le SDF qui aura essuyer sa plus cinglante défaite au cours d'une élection présidentielle. Le parti du Chairman Ni John Fru Ndi est venu en quatrième position au cours de la dernière élection, bien derrière le MRC et le parti Univers qui sont les nouveaux leaders de l'opposition.
L'occasion du retrait de la CAN est un bon prétexte politique pour rebondir sur la scène publique.
Dans le fond, le SDF entend joindre "sa voix à celle de tous ceux de plus en plus nombreux qui estiment que les chantiers de la CAN 2019 prévus dans la région du Littoral ne pouvaient pas être livrés à date, conformément au cahier de charge prévu à cet effet"
Dans le communiqué sanctionnant la fin de ces travaux qui annoncent les objectifs de cette marche du 23 janvier, le SDF et Jean Michel Nintcheu "S’interrogent sur l’inaction et le silence assourdissant des parquets de la république qui refusent, manifestement sur instruction du reste prévisible de leur tutelle politique, de mettre en mouvement l’action publique pour débusquer les fossoyeurs et les bandits à col blanc qui ont fait main basse sur les milliers de milliards de FCFA débloqués en toute opacité dans le cadre de tous les marchés notamment ceux de gré à gré"
Et le lien est très vite fait pour transformer cette situation en revendications politiques avec au centre la malgouvernance entretenue par Paul Biya est ses acolytes. D'où le recours aux manifestations publiques. Ainsi, Jean Michel Nitcheu a annoncé une marche pacifique le mardi 23 décembre prochain dans l'un des arrondissements du département du Wouri.
Sur le terrain de la revendication, le SDF sera rejoint deux jours plus tard par le MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun). Le parti de Maurice Kamto annonce envahir non pas seulement les rues de la capitale économique, mais cette fois ci, l'ensemble des villes du territoire camerounais.
Maurice Kamto l'a solennellement annoncé le 15 janvier dernier lors de la cérémonie de vœux organisé au sein du quartier général de son parti politique à Yaoundé. Il s'est dit déterminé à tenir une série de manifestations pour dénoncer la gestion approximative des affaires publiques. Parmis les principales revendications, on retrouve les mots d'ordre qui auront fait l'objet des mobilisations post-electorales, notamment, Non au Hold-up électoral, Non à l'atteinte sauvage à la fortune publique, Non à ce qui se passe dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest Cameroun.
Mais pour parvenir à marcher, il faudra bien pouvoir contourner la nécessaire autorisation masquée du gouvernement à travers les sous-préfets et autres autorités policières prompt à s'interposer pour empêcher les manifestations des partis d'opposition. Si pour rester dans la légalité Jean Michel Nintcheu a fait sa déclaration de manifestations publiques dans trois arrondissements, il n'est pas sûr que les forces de l'ordre le laisseront protester contre le retrait de la CAN. De l'autre côté, le MRC est prêt à l'affrontement. Et son président Maurice Kamto a affirmer au cours de cette cérémonie de vœux "Et si on devait nous tuer à cette occasion, on nous tuera tous. Et si je devais être seul, qu'on me tué moi." Une logique qui laisse voir que les jours prochains s'annoncent très délicats pour l'ordre public au Cameroun.
Stéphane Nzesseu