Une centaine d’anciens combattants de Boko Haram sont prêts à suivre le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion, initié au Cameroun pour permettre à des rebelles repentis de retrouver une vie normale. Durant tout ce processus, ils seront abrités dans la ville de Mowouré, dans la région de l’Extrême-Nord, où un camp d’accueil sera construit.
Avant d’être logés à Mowouré pour les opérations de déradicalisation, ces anciens combattants seront gardés dans les villes de Mora, Mémé et Méri. Des structures sont en train d’y être aménagées.
«Nous sommes allés à Mora, Mémé et Méri pour voir les structures qui sont en train d’être mises en place et qui, dans un premier temps, vont les accueillir. Il est question de les protéger. Dans un premier temps ce sera cela et comme le processus suit avec la réinsertion, ça va se poursuivre logiquement et normalement. Ces enfants ont besoin d’être sécurisés», a indiqué le coordonnateur national du comité de désarmement, démobilisation et réinsertion, Francis Faï Yengo.
«Nous connaissons d’où ils viennent, nous ne connaissons pas l’état d’esprit de ceux qu’ils ont laissés. Je crois qu’il est de notre responsabilité de sécuriser ces enfants parce que nous ne savons pas ce qui peut leur arriver si on les laisse dans la nature», a-t-il ajouté. Francis Faï Yengo a par ailleurs appelés les personnes enrôlées dans les rangs de Boko Haram à revenir au Cameroun pour participer à la construction du pays.
En rappel, le président Paul Biya a annoncé le 30 novembre 2018, par voie de décret, la mise sur pied d’un Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (CNDDR) des ex-combattants de la secte islamiste Boko Haram et des groupes armés des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest désireux de répondre favorablement à l’offre de paix du chef de l’Etat en déposant les armes.
Placé sous l’autorité du Premier ministre, le CNDR disposera de ressources constituées par les subventions de l’Etat, les dons et legs, les contributions des partenaires techniques nationaux et internationaux. Il bénéficiera également de toutes autres ressources qui pourraient lui être affectées conformément à la législation en vigueur, souligne le décret rendu public vendredi
En matière de désarmement, le CNDDR a pour missions d’accueillir et de désarmer les ex-combattants, de collecter, de répertorier et de stocker les armes et munitions remises volontairement par les ex-combattants, de prendre toutes les dispositions appropriées pour la destruction desdites armes, munitions et explosifs, en liaison avec les administrations compétentes.
S’agissant de la démobilisation, le Comité devra mettre en place des sites de cantonnement d’ex-combattants et en assurer la gestion, assurer l’encadrement des ex-combattants, leur apporter une assistance multidimensionnelle dans le cadre de leur préparation à un retour à la vie civile.
Au plan de la réintégration, il s’agira de prendre les dispositions nécessaires à la déradicalisation des ex-combattants, de mener des actions de sensibilisation et d’apporter une assistance multidimensionnelle aux communautés d’origine aux fins de faciliter la réintégration des démobilisés, d’aider à leur réinsertion dans la vie civile, notamment par l’organisation, la formation, la mise à disposition d’outils ou moyens de production et l’assistance à la création d’activités génératrices de revenus.
Depuis décembre 2017, des dizaines de combattants repentis de Boko Haram ont été accueillis dans plusieurs localités de l’Extrême-Nord du Cameroun, puis rassemblés dans un camp de la Force multinationale mixte (FMM) situé dans la localité de Mehé, d’où ils n’ont pas le droit de sortir.
Quant aux sécessionnistes anglophones, qui poursuivent leur activisme armé sur le terrain, aucune reddition n’a été officiellement annoncée à ce jour en dépit d’un appel pressant de Paul Biya qui, lors de sa prestation de serment, le 6 novembre dernier, avait demandé «aux jeunes qui se sont laissés entraîner dans une aventure sans lendemain» de «retrouver le droit chemin».
Otric N.