Le Gouverneur de la région du Littoral, a révélé le 5 décembre 2018 à Douala, la capitale économique, que selon l'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication (Antic), 12 800 cyber-attaques ont été enregistrées en 2017 au Cameroun.C’était lors de l’ouverture d’un séminaire de recherche sur les défis et enjeux de la cybercriminalité et la cybersécurité en Afrique centrale.
Samuel Dieudonné Ivaha Diboua représentait en cette circonstance le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Président du Conseil d’Administration de l’Ecole internationale des Forces de sécurité (Eiforces), pour le lancement de travaux étalés sur quatre jours.
Organisé par le Centre de Recherche et de Documentation de l’Eiforces (CRD Eiforces), avec le soutien du Japon à travers le Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud), le séminaire vise à apporter des réponses concrètes à une menace croissante.
«Comment pouvons-nous agir, et comment devons-nous agir ensemble ? On ne peut pas agir sur la menace sans la connaître», a indiqué le Pr. Wullson Mvomo Ela, chef du CRD Eiforces. L’expert relèvera que la géostratégie aujourd’hui est complexifiée par la superposition, sur l’espace physique connu (pays, frontières, etc.), d’un espace immatériel, le cyberespace. Il se trouve qu’il n’est pas sans dangers.
Dans un rapport publié en 2013, la société Symantec Corporation a relevé que la cybercriminalité enregistrait une progression dangereuse en Afrique. Selon le CRD Eiforces, malgré les initiatives prises au niveau continental, à travers notamment la Convention sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel de l’Union africaine (juin 2014), les efforts faits semblent modestes – et freinés par les enjeux de la souveraineté des Etats.
Or, la maîtrise du cyberespace et de ses risques exige une mutualisation des forces et des res sources. En outre, soulignera le représentant du Mindef, « il faut que l’Etat, les entreprises et les populations se sentent en sécurité. » Ivaha Diboua a, dans la foulée, invité les séminaristes à œuvrer pour une simplification du cyber-langage. Le plus grand nombre doit savoir de quoi on parle, et comment se prémunir des menaces.
Le directeur général de l’Eiforces, le général de brigade André Patrice Bitote, aura auparavant expliqué que la rencontre consisterait en une réflexion théorique et pratique, pour définir une approche globale et une résilience effective face aux menaces. Il est question d’en sortir avec une stratégie concertée et inclusive contre la cybercriminalité.
Le ministre des Postes et Télécommunications a annoncé en juillet dernier que, pour asseoir définitivement la souveraineté numérique du Cameroun, les pouvoirs publics vont prendre un certain nombre de mesures. A savoir, poursuivre l’identification des infrastructures critiques (PKI) et la surveillance de tous les opérateurs d’importance vitale, renforcer le Cyber Incidence Response Team (CIRT) de l’Agence nationale des technologies de l’information et la communication (Antic), afin de disposer d’une structure efficace en matière de réponse d’urgence aux incidents de sécurité de l’information et le développement des contenus locaux et de l’usage du « .cm ».
En outre, le Minpostel a annoncé la mise à niveau du cadre légal et réglementaire (protection des données personnelles, mesures coercitives, etc.), celle d’une plateforme gérée par l’Antic, permettant la sécurisation du cyberespace national et le renforcement de la coopération internationale dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité. Sans omettre l’élaboration d’une stratégie nationale de cyber sécurité et de cyberdéfense, avec des axes spécifiques sur la protection des données personnelles, et la protection des enfants, des jeunes et des plus faibles dans le cyberespace.
« L’action du gouvernement en matière de lutte contre la cybercriminalité vise à cet effet à limiter l’intensité et l’ampleur des dégâts induits, à se prémunir contre les menaces potentielles par des mesures de protection et de prévention appropriées et à pouvoir réagir aux incidents au travers de mesures permettant d’assurer la gestion de la crise, la continuité ou la reprise des activités, ou encore des poursuites pénales si nécessaire », a martelé Libom Li Likeng.
Otric N.