L'armée camerounaise a neutralisé sept assaillants au cours d'une «opération de reconnaissance offensive» samedi dernier à Alabukam, près de Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest, selon des sources proches des forces de défense citées par l’AFP.
L'opération a permis la destruction d'un camp de combattants sécessionnistes et la récupération d'armes légères, de munitions, d'uniformes militaires et de moyens de transport comme des motocyclettes, ont indiqué les mêmes sources. Cette offensive survient après des appels au cessez-le-feu lancés par le président Paul Biya en novembre et décembre derniers.
Début décembre, Yaoundé a mis en place un programme de désarmement dans toutes ses zones en conflit avec un comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration (CNDDR) pour les combattants.
Le CNDDR a pour missions d’accueillir et de désarmer les ex-combattants, de collecter, de répertorier et de stocker les armes et munitions remises volontairement par les ex-combattants, de prendre toutes les dispositions appropriées pour la destruction desdites armes, munitions et explosifs, en liaison avec les administrations compétentes.
S’agissant de la démobilisation, le Comité devra mettre en place des sites de cantonnement d’ex-combattants et en assurer la gestion, assurer l’encadrement des ex-combattants, leur apporter une assistance multidimensionnelle dans le cadre de leur préparation à un retour à la vie civile.
Au plan de la réintégration, il s’agira de prendre les dispositions nécessaires à la déradicalisation des ex-combattants, de mener des actions de sensibilisation et d’apporter une assistance multidimensionnelle aux communautés d’origine aux fins de faciliter la réintégration des démobilisés, d’aider à leur réinsertion dans la vie civile, notamment par l’organisation, la formation, la mise à disposition d’outils ou moyens de production et l’assistance à la création d’activités génératrices de revenus.
Les leaders officiels des organisations sécessionnistes, arrêtés début 2018 au Nigeria et dont le procès à Yaoundé a été renvoyé au 7 février, n'ont pas répondu à cette offre. «Si l'appel à déposer les armes que j'ai lancé aux entrepreneurs de guerre reste sans réponse, les forces de défense et de sécurité recevront instruction de les neutraliser», avait déclaré M. Biya en présentant ses vœux le 31 décembre 2018.
Les séparatistes anglophones militent pour la création d'un Etat indépendant dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, théâtre d'un conflit armé depuis fin 2017. Des affrontements entre l'armée et ces séparatistes armés, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s'y produisent depuis quasiment chaque jour. Dans ce conflit, se sont en outre invités bandits et pillards qui rackettent les populations et les entreprises.
L'armée camerounaise elle-même a été accusée de violations des droits humains en zone anglophone par des organisations internationales. Plus de 200 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit, ainsi que plus de 500 civils, selon le centre d'analyse International Crisis Group (ICG).
Dans un rapport publié le 1er janvier 2019, l’Organisation Non-Gouvernementale (ONG) International Crisis Group (ICG) classe le Cameroun parmi les dix pays en conflits à surveiller cette année.
L’Organisation relève que la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest durant l’année écoulée. Elle estime aussi que «ni le gouvernement, ni les groupes séparatistes n’ont l’intention de dialoguer aujourd’hui, une étape pourtant indispensable selon lui pour que la situation s’améliore dans les deux régions en crise».
Otric N.