Une réflexion du Capitaine de Frégate Cyrille Serge Atonfack Guemo - Chef de Division de la Communication du ministère de la Défense.
« Peu importent les différences d’appellations, peu importent les références culturelles, peu importent les aires géographiques, la communauté d’objectifs est bien patente entre la secte islamiste boko haram dans l’Extrême-Nord, et les groupuscules séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Outre de répandre la terreur parmi les populations, ces mouvances marquent leur profonde aversion pour tout ce qui a trait à la connaissance. D’ailleurs, Boko Haram (l’éducation occidentale est un péché) et Ghost School (école morte)ne sont que deux déclinaisons d’une même intention: Plonger et maintenir la société tout entière dans l’ignorance par l’interdiction de l’éducation.
En d’autres termes, la mort de l’école! Une énorme absurdité par ces temps de progrès scientifique. La mort de l’école! Une grotesque mystification de la part de ceux qui usent et abusent des commodités de la modernité. La mort de l’école! Une tragique incongruité idéologique que ne sauraient justifier ni aucun gouvernement théocratique, ni aucune ambition indépendantiste.
Cependant, ni les assassinats, ni les tortures et mutilations subies par leurs collègues, ni la destruction de leurs biens, rien de tout cela n’aura suffi à dissuader les enseignants, de continuer de remplir leur sublime œuvre de transmission de la connaissance, clé de voûte de l’essor de l’humanité. Non plus, le sort réservé aux apprenants n’était des plus enviables.
Des élèves, parfois de la maternelle ont été tués, certains décapités, de très nombreux agressés sur le chemin de l’école, d’autres amputés, défenestrés, sans que la vision de l’horreur ne parvienne pour autant à faire vaciller la flamme de leur inextinguible aspiration à la clarté du savoir.
Parce que soucieux du devenir de leur patrie, conscients de leur droit à l’émancipation, enseignants et apprenants, tous ont bravé, dans un irrésistible mouvement, les fulminants et cabalistiques oukases d’incitation à la profanation de la sacralité du savoir.
Venant en soutien à cette révolte de la sapience émancipatrice menacée par le carcan de l’ignorance, les personnels de nos Forces de Défense et de Sécurité ont érigé d’infranchissables cordons sécuritaires autour des établissements scolaires et universitaires. Mieux encore.
En véritable condensé de métiers, l’armée camerounaise a mis ses personnels qualifiés à contribution, avec pour mission d’assurer la continuité de l’éclosion intellectuelle, civique et morale de la jeunesse, dans les zones les plus exposées aux agressions des obscurantistes.
Dès lors, assassiner un enseignant, un de plus, comme pour empêcher que se déroulent les examens officiels consacrant la fin d’une année scolaire bien remplie, s’apparente à un lamentable acharnement, un combat rétrograde irrévocablement et de longtemps condamné au trou sans fond du perpétuel oubli.
La péremptoire sentence a été prononcée par les principaux acteurs de la communauté éducative, avec à leur tête les écoliers, les élèves, les étudiants, cibles innocentes mais pas consentantes de la nihiliste entreprise. Les tragiques mises en scène des sicaires apologistes de l’antédiluvien enténèbrement ne sont alors, que l’expression d’une totale débandade physique et psychologique, face à l’insupportable humiliation d’une défaite infligée par des enseignants déterminés, accompagnés par des apprenants survoltés, seulement armés de pages blanches à remplir en lettres de lumière, de fraternité, de prospérité, d’espoir et d’union pour le Cameroun ».
N.R.M