Le président à la tête du mouvement « Agir », considéré par certains comme un transfuge l’a répété à plusieurs reprises ce Mardi, lors d’une conférence de presse qu’il a finalement organisé dans son domicile à Yaoundé, après l’annulation de cette rencontre initialement prévue à la fondation Muna.
Au cours des échanges avec les Hommes des médias, le compagnon de prison de Maurice Kamto a remis en question, la faculté des dirigeants camerounais à impulser à ce pays, le développement dont il a besoin. Ce d’autant plus qu’on ne saurait, d’après lui, « analyser séparément, la situation politique, économique et sociale du Cameroun et les enjeux géo stratégiques »
Le leader allié au Mrc bat en brèche les réformes d'ajustement structurel implémentées depuis trois décennies par les institutions de Breton Woods et appliquées au Cameroun
« Les recherches m’ont permis de comprendre les relations fortes entre les institutions économiques et les institutions politiques Nous avons passé 20 ou 25 de réajustement structurel, rien n’a été fait, au contraire, nous avons régressé. Nous nous sommes posés la question de savoir si le FMI, la Banque mondiale et autres institutions devaient être incriminés. Ces institutions recommandaient des mesures, des réformes économiques à des institutions politiques qui ne pouvaient les mettre en œuvre et les considéraient comme une menace à leur privilège. Ceux qu’ils tirent du statut quo… ».
Pour l’ancien conseiller économique du Chef de l'Etat, les politiques économiques sont plombées au Cameroun en raison des institutions politiques extractives, lesquelles secrètent le népotisme, le favoritisme, le parasitisme, le clientélisme, la corruption, l'inertie et la réticence à l'innovation. C'est à cause de cet état de choses que le Cameroun peine à réaliser les réformes structurelles. En prenant l'exemple des chiffres du Cameroon doing business, l'Economiste constate, par exemple, que le pays de Paul Biya a régressé ces dernières années. De la 163eme/190 position en 2017, le Cameroun occupe, en 2019, le 161eme rang.
« C’est la raison pour laquelle les reformes ne peuvent commencer que le par le politique, avant de s’étendre vers l’aspect économique. Si cela est fait, elles vont contenir des incitations pour créer des institutions économiques beaucoup plus efficientes… », martèle t-il encore.
L’Urgence de changer la forme de l’Etat
L'économiste propose, en guise d'exemple, un fédéralisme à quatre ou à cinq États comme catalyseur de développement au Cameroun : « J’aimerais bien voir un Etat fortement régionalisé, à la limite du fédéralisme, parce qu’à ce moment là, les régions, les populations sont parties prenantes à leur développement. Dans les régions autonomes, les populations élisent les dirigeants qui sont plus proches d’eux et qui vont leur rendre des comptes. Il n’est pas possible que quelqu'un qui est loin du théâtre des opérations décident de ce qui doit ou non s’y passer… »
Le rôle des journalistes
« Vous devez faire comprendre aux populations qu’elles sont misérables, parce qu’elles maintiennent ces institutions politiques et exclusives. Vous ne pesez pas sur le système électoral, qui pourtant doit être reformé…Et c’est seulement cela qui peut changer la donne ».
Nicole Ricci Minyem