Avec l’affaire Maman NGUEA, du nom de cette brillante musicienne camerounaise qui se retrouve aujourd'hui malade, amputée de ses deux jambes et ne pouvant subvenir à ses besoins, les observateurs de la scène musicale camerounaise s’interrogent sur la manière dont les musiciens de chez nous gèrent leur carrière.
C’est la consternation ce 16 janvier 2020 quand on apprend que la deuxième jambe de l’artiste Nguea Laroute vient d’être amputée. L’émoi s’empare de toute la classe artistique camerounaise et de tous les mélomanes. Une seule question revient ; comment en est-on arrivé là ? Ça faisait quelques temps qu’elle appelait à l’aide par média interposé. A plusieurs reprises, on l’a présenté dans une situation d’indigences insupportable. Si le cas Maman Nguea était un cas isolé, on se serait dit qu’il s’agit de sa mal gestion de sa carrière à elle. Mais quand on égraine le chapelet de tous ces artistes musiciens qui s’en vont dans l’au-delà dans des conditions de pauvreté abjectes après avoir produits de grands succès musicaux, on se demande bien, qu’est ce qui ne va pas au Cameroun ?
Le hit-parade des noms dont la fin, dans des conditions similaires à celles de Nguea Laroute, a choqué plus d’un, montre le patriarche Messi Martin, le grand guitariste Tino Barosa, la Diva de la chanson camerounaise Anne Marie NDZIE (qui a eu la chance vers la fin de bénéficier d’un don d’une maison par le Chef de l’Etat), ou encore le jeune arrangeur de musique Bikutsi IMPERATOR. Ils sont nombreux qui sont encore à l’agonie, loin des caméras et des scènes où ils ont fait les beaux jours de la musique camerounaise hier.
Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour chercher à comprendre ce qui ne va pas chez nous. D'aucuns parlent de la mauvaise organisation des sociétés de gestion collectives, voire même l’inexistence d’un véritable marché du disque au Cameroun. Par ailleurs, ces artistes n’ont pas eu la chance d’avoir autour d’eux une équipe de professionnels qui pourraient penser le développement de leur carrière, et pourquoi ? parce qu’il faut de l’argent à la base pour effectuer un financement en amont des activités. Avec la démission des producteurs et des mécènes, il est difficile sinon impossible de faire tourner l’industrie musicale du Cameroun.
Mais une lueur d’espoir existe. En observant la jeune génération des musiciens camerounais, tout porte à croire que malgré le mauvais tissu local, ils ne tomberont pas dans le piège de leurs aînés.
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Stéphane NZESSEU