Le ministre délégué auprès du ministre de la Justice Jean De Dieu Momo dans une lettre ouverte adressée à Me Lavoisier Tsapi, martèle que le barreau ne fait pas partie des contrepouvoirs constitutionnels.
Retrouvez ci-dessous la lettre ouverte du ministre Jean De Dieu Momo
Mon cher Maître Joseph Lavoisier Tsapy du parti politique SDF, svp dites moi donc en quoi j’ai tort de dire que le barreau n’est pas un contrepouvoir politique.
Je présume que vous êtes légaliste comme moi. Lisez la constitution du Cameroun et montrez moi l’article qui dit que le barreau est un contrepouvoir. En revanche les contrepouvoirs constitutionnels sont connus de tous et le barreau n’y figure pas. Ce mensonge véhiculé par des politiciens depuis la création de notre barreau et surtout par certains bâtonniers dès le début pour s’accaparer du Barreau et le transformer en parti politique d’opposition a assez duré. Nous devons y mettre en terme si nous voulons un barreau fort, indépendant, responsable et surtout respecté. Et c’est la mission des aînés de notre barreau de rectifier et corriger le tir pour ne pas induire les jeunes en erreur.
DISONS DÉFINITIVEMENT LA VÉRITÉ AUX JEUNES CONFRÈRES.
Je suis l’un des acteurs qui a reçu en héritage la stratégie d’utiliser le barreau à des fins politiques. Je n’étais pas le seul. Une étude anthropologique montre de manière irréfutable que notre barreau a été utilisé par les premiers bâtonniers, à quelques exceptions près que nous saluons, pour le transformer en contrepouvoir depuis le Premier Bâtonnier Ngorgi Ndinka, un avocat anglophone de Bamenda ayant fait ses études au Nigeria. La stratégie était simple: au lieu de créer un parti politique on endoctrine des avocats pour s’en servir pour contester et prendre le pouvoir. Vous connaissez ceux qui ont utilisé cette stratégie. On sait que pour échapper à la prison Ngorgi Ndinka est parti en exil à Londres sous le président Ahidjo, après avoir inoculé le poison de la sécession dans les cœurs de certains de nos concitoyens et de nos confrères. C’est lui qui le premier en 1966 prononce le mot AMBAZONIE pour la première fois n’est-ce pas, sa position est intermédiaire entre L’Etat fédéral soutenu par John Ngu Foncha et le rattachement au Nigeria soutenu par le Dr ENDELEY. Il a été ensuite suivi par les professeurs de droit de l’université de Yaoundé dans les années 90, Simon Munzu et Carlson Anyangwe.
Le Bâtonnier Luke Sendze et les autres avocats anglophones et francophones les ont combattus lors de notre assemblée générale tenue à Bamenda à Ayaba Hôtel(1992-1993) je crois sous le bâtonnât du Bâtonnier Patrice Monthe si mes souvenirs sont exacts. Nous avions tous combattus cette tentative d’inféodation du Barreau à des fins politiques et ce n’est pas le Feu Batonnier Sama Francis ( comme vous du Sdf) qui me démentira!
Dites moi cher confrère TSAPI, dans quel pays au monde il est inscrit dans la constitution que le barreau est un contrepouvoir ( j’ai souventes fois entendu le Bâtonnier Yondo Black soutenir cela et moi aussi je le suivais aveuglément quand j’étais un jeune avocat. Il avait tort ainsi que je m’en suis rendu compte). Dites-moi dans quel pays les avocats ont été à l’origine d’une guerre de Sécession comme celle qui décime nos populations dans le nord-ouest et dans le sud-ouest. En sommes-nous fiers? Ne devrions-nous pas en avoir honte aujourd’hui ? Cette guerre profite-t-elle aux Avocats qui ont marché à Bamenda? Qu’a gagné le Barreau en tant que corporation de cette confrontation violente? Le Bâtonnier Sama Francis est décédé loin de Bamenda à cause des ambazoniens! Idem pour le député Mbah Ndam. Le Sénateur Kemende a été abattu froidement dans le Nord-ouest ! Paix à leurs âmes. De nombreux confrères se sont exilés à cause des violences qui continuent d’endeuiller les familles! Des enfants sont massacrés dans les écoles. De nombreuses victimes comme Florence Ayafor témoignent de la bêtise de cette violence aveugle perpétrée par des vagabonds criminels et que les avocats ont peu ou prou provoquée! Des familles se sont déplacées hors de leur terroir habituel.
A un moment il faut s’arrêter et s’interroger sur la direction où nous conduisons les hommes. Dites moi vers qui s’adresse l’avocat lorsque les libertés de ses clients sont violees? Est-ce que l’avocat a la possibilité de sortir son client de prison sans le concours du parquet ou du Minjustice? Absolument NON. Alors pourquoi se mettre à dos le partenaire de premier plan que constitue l’institution républicaine et le pouvoir judiciaire?
Pendant longtemps je me suis égaré comme vous Maître TSAPI avant de réaliser mon erreur. Le gouvernement à travers le Minjustice est le garant de toutes nos libertés. C’est le ministère public (MINJUSTICE) qui met les malfrats en prison et c’est encore lui qui libère de prison les innocents que certains fonctionnaires qui abusent de leur pouvoir peuvent restreindre la liberté. Si vous partez en guerre contre « la dictature » libre à vous d’y aller avec votre parti le SDF. MAIS Ne revêtez pas la noble toge des avocats pour votre conquête électorale des militants. Les avocats luttent pour le respect des lois et procédures ainsi que pour La Défense des libertés individuelles. C’est leur champ d’action. Les partis politiques luttent contre la « dictature » comme vous dites. Il faut donc apprendre à faire la différence entre les deux. Mais en attendant ce sont les pouvoirs publics qui libèrent les innocents de prison et c’est là où nous attendons le précieux concours des avocats.
OUI LE MINJUSTICE ATTEND DES AVOCATS QU’ILS LUI DÉNONCENT LES VIOLATIONS DES LOIS ET LIBERTÉS POUR QU’ENSEMBLE NOUS LES COMBATIONS. IL S’AGIT LÀ BIEN DE PARTENARIAT AVEC LA TUTELLE ET NON D’OPPOSITION.
Chaque fois que nous avons été régulièrement saisis pour ces cas là nous avons toujours fait diligence car c’est notre devoir de le faire. De nombreux confrères peuvent témoigner de ce fait incontestable puisque je les reçois promptement tous les jours pour les servir. Vous vous trompez en disant que le gouvernement viole les libertés individuelles. Non cela est faux. En revanche ce sont des individus, certains fonctionnaires véreux, dont certains sont même en prison grâce aux avocats, qui abusent de leurs pouvoirs pour violer les libertés individuelles et notre rôle est de les traquer. Et nous comptons sur le barreau pour nous aider à les traquer en les dénonçant étant donné que vous êtes sur le terrain de l’action comme nous. Saisissez nous autrement que par des commentaires sur Facebook dont vous n’êtes pas sûr que nous lirons, et vous verrez que notre réaction sera rapide pour nous assurer que force reste et demeure à la loi.
Voilà clarifier notre position.