Dans un pamphlet ce seigneur de la craie, enseignant au Lycée de Maképè, résident à Douala a tenu à célébrer « ce héros national » parti très tôt alors qu’il avait encore, selon son collègue beaucoup de choses à donner aussi bien à ses élèves qu’à ses parents qui ont consenti d’énormes sacrifices, pour faire de lui le Monsieur qu’il était devenu.
Un hommage qu’il a élargi à tous les autres enseignants
« Njoni Tchakounté Boris Kevin, lâchement assassiné par son élève, j'ai décidé de sortir du silence dans lequel je m'étais muré, préférant accuser le coup.
Je souhaite rendre un vibrant hommage à ce héros national, n'étant pas sûr de pouvoir être présent à ses obsèques, encore moins de pouvoir l'accompagner à sa dernière demeure à Bazou, mais également à tous les enseignants du Cameroun.
En parlant d'eux, je ne peux m'empêcher de parler de héros nationaux. Car, qui d'autre que l'enseignant, dans la société, a pour matière première l'esprit humain ? Privilège qu'il partage avec le journaliste, dans une moindre mesure. Mais, avant d'en venir au cas de Njoni Tchakounté, j'aimerais m'attarder, un instant, sur l'altercation ayant opposé un collègue enseignant au sous-préfet d'Ayos, pour dire que l'ennemi n'est pas parfois à rechercher hors de la profession, mais d'abord dans la profession, au sein même des enseignants.
Pour parler trivialement, l'ennemi de l'enseignant, c'est encore l'enseignant. Sinon, comment comprendre que certains collègues de l'enseignant agressé par Mme le sous-préfet (notamment sa collègue de français) en viennent à penser et à dire qu'il n'aurait pas dû s'opposer à l'autorité de Mme le sous-préfet, sous le fallacieux prétexte qu'elle est la représentante du Chef de l'État dans son arrondissement (ce que personne ne lui discute, par ailleurs).
Seulement, il me vient à l'esprit les questions suivantes: qui incarne l'autorité dans la salle de classe, puisqu'il est question de conflit d'autorité ? Quant à l'enseignant, de qui tient-il son mandat pour pouvoir enseigner dans la salle de classe ? N'est-ce pas du même Chef de l'État, et ce par délégation de ses pouvoirs, tout comme le sous-préfet dans son arrondissement ? Pour en venir à Njoni Tchakounté (héros national), là encore que n'a-t-on pas entendu sortant de la bouche de certains enseignants: il est allé trop loin.
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Un certain délégué départemental des Transports de la MIFI, enseignant dans une autre vie (comme quoi, la bouche qui mange ne parle plus), a parlé des sévices corporels qui sont désormais interdits. Certes ! Admettons même que l'enseignant se soit servi de son compas pour mettre l'élève hors de la salle de classe, et que cela soit considéré comme un sévisse corporel. J'oppose à cet argument la présomption juridique qui veut que: « l'intention vaut le délit ».
Cela dit, l'enseignant de mathématiques qui se rend dans la salle de classe avec un compas, c'est dans quelle intention, si ce n'est pour dispenser son cours (le compas étant un outil de travail)? Quant à l'élève qui quitte le chez lui, pour son établissement avec un couteau dans son sac, c'est pour y quoi faire ? Alors, l'enseignant et son élève étaient-ils animés de la même intention ? Et même si l'élève ne s'était pas servi du couteau qu'il avait par devers lui, l'intention de s'en servir était déjà là. Et, c'est ce qu'ont compris, à juste titre, les responsables du Lycée d'Akwa-nord, en portant plainte à un élève s'étant rendu à son établissement quelques jours après le drame de Nkolbisson avec un couteau dans son sac.
Cher Njoni Tchakounté, je voudrais que tu saches, en guise d'Adieu, que tu meurs pour avoir fait le choix d'être enseignant dans le mauvais pays, au mauvais moment. Je ne sais pas s'il te sera encore possible d'exercer ta noble profession au pays des morts. Si tel est le cas, puisse-t-on avoir plus de considération pour l'enseignant au pays des morts qu'au Cameroun.
Repose en paix » !
N.R.M