Le député SDF Jean-Michel Nintcheu demande au gouvernement de réagir avant qu’il y ait une paralysie totale du secteur de l’éducation.
Retrouvez ci-dessous sa tribune
Le Cameroun est particulièrement secoué depuis pratiquement deux semaines par la grève des enseignants du primaire et du secondaire. Si rien n'est fait, cette grève s'étendra à l'enseignement supérieur. On observera de ce fait une paralysie totale de l'éducation qui est un droit fondamental et inaliénable du citoyen inscrit dans notre Constitution et ratifié par le Cameroun à travers différents instruments juridiques internationaux.
Je suis solidaire des revendications des enseignants qui ont lancé le mouvement OTS. Ils ont trop souffert. Il faut être criminel pour ne pas compatir à leurs souffrances. Ils sont ceux sans qui le pays ne serait et ne sera rien. Yaoundé gagnerait à satisfaire leurs revendications. La rémunération ne saurait être incompatible avec le travail effectué.
Parmi les réclamations des enseignants, figurent l'attribution des matricules aux enseignants en attente de leur solde, le statut particulier de l'enseignant, le paiement des compléments de salaire, le paiement des avancements dont les arrêtés sont disponibles, la prise en compte des primes de non logement, l'intégration des vacataires etc.
Le régime de Yaoundé, fidèle à son habitude, veut jouer à la roublardise. Ce régime doit sortir des menaces, des discours et éventuellement des promesses pour du concret. Tous ces problèmes soulevés par les enseignants peuvent et doivent être réglés. Il me revient que l'impact financier se situe autour de 180 milliards de FCFA.
En tant que Député de la nation, j'estime que pour résoudre ce problème, en plus d'accélérer les procédures administratives et de sanctionner tous les responsables de cette inertie, il suffit sur le plan financier de pourchasser les gaspillages et de supprimer les dépenses inutiles et improductives contenus dans la loi des finances de l'exercice 2022 qui comporte des lignes opaques et des niches budgétivores entretenues par l'oligarchie régnante notamment les prédateurs de la fortune publique.
La ligne 65 intitulé "Interventions de l'État en fonctionnement" a pour objectif de couvrir les charges non réparties de l'État en fonctionnement. 400.406 milliards de FCFA en 2022 contre 358,453 milliards de FCFA en 2021. Soit une augmentation de 41.953 FCFA. Toutes les institutions de l'État bénéficient pourtant d'un budget de fonctionnement. La ligne 65 ne contient aucune information sur les critères de sélection des bénéficiaires, la nature des bénéficiaires ainsi que les montants à allouer à chaque bénéficiaire.
Cette ligne est porteuse de tripatouillages, de dissimulations et de maquillages du fait que les actions à entreprendre n'ont jamais été élucidées à l'avance et les comptes d'emploi n'ont jamais été détaillés. C'est une ligne fourre-tout de détournements de deniers publics à grande échelle.
Les dépenses de fonctionnement somptuaires:
Le budget de 2022 comporte également des dépenses stratosphériques et brumeuses à même de renverser plus d'un camerounais à qui le régime de Yaoundé demande de faire preuve de résilience. À titre d'illustration :
a- Les dépenses de personnel se chiffrent à 1134,498.512 milliards de FCFA dont 40,755 milliards de FCFA sur la ligne "Autres personnels". De quel autres personnels s'agit-il ?
b- Dépenses des biens et services (858,589 milliards de FCFA) dont:
66,382 milliards de FCFA pour l'eau, l'électricité, le gaz et autres.
80,346 milliards de FCFA pour les matières, matériels et fournitures
58,3 milliards de FCFA pour les frais de transport et de mission.
16,54 milliards de FCFA pour le loyer
223,426 milliards de FCFA pour le mobilier et matériel de logement et de bureau.
Il faut cisailler de façon claire, limpide et utile les allocations budgétaires contenues dans ces lignes et affecter le gain de productivité tiré de cette opération à la résolution des problèmes cruciaux soulevés par le mouvement OTS.
Nul n'a le droit de sacrifier l'éducation d'un peuple pour des intérêts bassement prébendiers.
Pour provoquer l'effondrement d'un pays, il suffit d'assassiner son éducation. Pris dans ce sens, il est difficile de donner du tort à ceux qui pensent que c'est vers cette catastrophe que le régime de Yaoundé veut nous conduire en cette fin de règne.