La catastrophe de Bafoussam nous interpelle tous. Nous nous devons de rester mobilisés comme un seul Homme, pour donner du réconfort à nos frères sinistrés. Elle vient nous rappeler que nous sommes un et indivisibles, que nous sommes le Cameroun pour l’éternité…
Une pensée qui, avant les élections du 07 Octobre 2018, aurait été partagée par les camerounais dans leur grande majorité. Auparavant, malgré les conditions de vie plus ou moins difficiles, ils arrivaient encore à compatir lorsque le malheur frappait leurs concitoyens, comme on a pu le voir lors du déraillement du train d’Eseka, la catastrophe de Nsam, celle du lac Nyos ou encore lors du crash d’un avion à Mbanga Pongo…
A chacun de ces tristes évènements, la mobilisation nationale avait été totale. On n’entendait pas que les victimes sont les ressortissants de l’Est, du Centre, du Littoral, de L’Ouest, du Sud, de l’Extrême Nord, du Sud Ouest, du Nord Ouest ou de toute autre partie de ce pays de l’Afrique Centrale considéré comme l’Afrique en miniature. Comme cela se fait dans les us et coutumes de chacune des ethnies qui le composent, chacun savait pleurer avec son frère et lui apporter toute l’assistance dont il avait besoin, lorsqu’on était frappé par le malheur.
Malheureusement, certains hommes politiques sont arrivés avec comme programme politique, la reconnaissance préalable de la région, du département d’origine. On a entendu des discours qui faisaient ressortir la fibre tribale qui, au fil des mois, a amené certains à se considérer supérieurs aux autres.
Depuis cette période, ils sont nombreux qui ont trouvé « un emploi » à plein temps dans les réseaux sociaux, notamment Facebook et, à longueur de journée, ils véhiculent des messages de haine, de rejet de l’autre. Les insultes sont servies, nul n’est épargné et, aucun respect n’est donné à ceux qui perdent la vie, que ce soit dans les régions en proie à la crise sécuritaire ou comme on l’a relevé depuis le début de cette semaine, à ceux qui s’en sont allés.
Les images des corps que l’on sort des décombres, suite à la catastrophe de Bafoussam est le nouveau prétexte que les « employés » de cette plate forme sociale ont trouvé pour transmettre leur malveillance. Dans certains commentaires, on peut lire : « Ils sont morts et puis quoi ? Ce sont les bamilékés, que ces derniers aillent pleurer leurs morts, ça ne nous concerne en rien… ».
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« N’embêtez pas les gens, vous vouliez que qui meurt à leur place ? Les mangeurs de porcs sont tombés, que les autres aillent pleurer là bas, vos insultes et votre moukoagne se retournent contre vous, on s’en fiche… ».
Dans une vidéo diffusée depuis 48 heures, une femme n’a pas hésité à se moquer ouvertement, en posant la question de savoir ce qui se passe à Bafoussam ? Selon elle, cela ne regarde que les ressortissants de cette région et qu’ils ne doivent pas « embêter » les gens.
Il est temps d’arrêter cette sorcellerie. Le malheur n’atteint pas une seule tribu, un seul peuple, une seule maison. Il y a un adage très connu qui dit « qu’il pleut sur tous les toits ».
Alors, il est temps de penser et de se souvenir qu’aucune nation, aucun pays ne se bâtit dans la haine, le rejet de l’autre, la discorde. Il est plus que jamais l’heure de revenir à de meilleurs sentiments et de comprendre que le Cameroun est comme un corps humain. Lorsqu’un membre est malade, tous les autres en souffrent et ne peuvent rendre à 100%, le rendement attendu.
Le Cameroun est un trésor, toutes les ethnies se valent et nul n’est plus important que l’autre. Au contraire, chacun joue un rôle capital et devrait contribuer à bâtir ce qui est l’héritage des générations futures.
Nicole Ricci Minyem