L’expert en questions d’économie Dieudonné Essomba affirme que priver une communauté de son espace vital, c’est l’acculer à une posture anthropologique de lutte pour sa survie.
Dans sa tribune qu’il a intitulée «la problématique des terres au Cameroun», l’économiste Dieudonné Essomba déconseille aux autorités, de priver une communauté de son espace vital. Il affirme d’entrée de jeu, qu’on doit savoir que la terre joue 3 rôles fondamentaux.
« La terre est un ESPACE VITAL, l’endroit où une Communauté vit et auquel elle est affectivement et spirituellement reliée. Cet espace porte la marque de la Communauté qui baptise ses divers lieux et leur donne une identité. Telle rivière a tel nom, telle montage a telle autre nom. Le lien affectif et spirituel est particulièrement fort, puisque c’est là que se sont enterrés les ancêtres et c’est là que se font tous les rites.
La terre est aussi un FACTEUR DE PRODUCTION : on peut l'utiliser pour produire, pour y réaliser des infrastructures ou pour construire.
La terre peut enfin être un actif de spéculation : des gens achètent des espaces pour les revendre plus tard.
Quel que soit le cas, la première chose à éviter dans toute politique foncière est de priver une Communauté de son espace vital. Car à partir de ce moment, vous l’acculez à une posture anthropologique de lutte pour sa survie. La guerre n’est plus loin ! », a-t-il écrit.
Revenant sur le déguerpissement des populations à Dikolo Bali, Dieudonné Essomba indique que dans cette affaire, il ne faut pas s’arrêter à regarder si la perte de la terre est juridiquement fondée ou non.
« La loi importe assez peu devant l’anthropologie, autrement dit, la lutte pour la survie. Le plus important est qu’un peuple se retrouve sans terre.
Certains individus ne font pas la différence entre la loi et l’anthropologie : pour eux, si la loi leur donne une terre, qu’ils aient achetée ou non, la situation des populations qui occupaient l’espace ne les intéressent pas.
C’est une grave erreur ! La loi ne peut pas vous protéger devant des problèmes de cette nature : en effet, les immigrants mènent des activités généralement plus productives que les autochtones, ce qui justifie d’ailleurs leur déplacement.
Ce sont des activités extrêmement vulnérables à l’insécurité : un simple acte terroriste dans un marché et l’activité est morte.. Il suffit donc d’un petite groupe d’autochtones décidés à récupérer leurs terres pour détruire tout intérêt économique de la ville », a-t-il ajouté.
Liliane N.