La révolution c’est à la fois un état d’esprit, mais également de la discipline. C’est la capacité à se conformer à des règles, des normes fixées dans le cadre de la lutte. Parmi celles-ci figure l’obéissance aux consignes des leaders.
Dans un entretien avec Boris Bertolt, l'homme laisse parlé son cœur sur la révolution du Camerounaise.
« Je me suis abstenu de commenter l’actualité algérienne ou soudanaise parce que je savais que très vite les journalistes plongeraient dans des analyses simplistes. En Algérie ils vous disent c’est la volonté de Bouteflika de briguer un 5eme mandat. Faux c’est simplement l’étincelle. Depuis un an et demi le système politique et sécuritaire autour de Bouteflika s’etait. Les organisations de la société civile et les partis politiques mutualisaient leurs engagements politiques. La conjonction de ces éléments a au final fait émerger une contestation populaire à laquelle le régime déjà affaiblit n’a pas pu résister.
Au Soudan ils vous disent que c’est le prix du pain. Faux. Depuis plus d’un an les leaders politiques mobilisaient et appelaient à une réforme du système. Ils ont été arrêtées par dizaines et jeté en prison par le NSI la puissante police politique de Bechir. Le pain a déclenché une révolte d’abord circonstancielle accentuée par les tensions à l’intérieur du régime et plus particulièrement de l’armée mais la conscience politique était là et la mobilisation activée. Donc Bechir a été balayé en 4 jours.
Ce n’est pas parce que des camerounais peuvent être animés par le désir de changement ce qui n’est pas mauvais, qu’ils peuvent vouloir calquer les luttes d’ailleurs sur la société camerounaise. C’est plus complexe que cela et j’ai pas de temps y revenir ici.
Maurice Kamto et ses alliés sont en prison. Ils ont engagé la contestation. Ils ont pleinement conscience du désir de changement mais également ils savent à quoi on s’expose. Maurice Kamto a dit qu’il ne peut pas mettre en jeu la vie des camerounais si cela ne servira pas la bonne cause. Et Maurice Kamto est un visionnaire, qui maîtrise le système Biya et sait vers quelle destinée il conduit son peuple.
S’ils décident d’annuler des marches , respectons leurs décisions. Cela n’empêche à personne de marcher mais le MRC ne peut pas assumer les conséquences. Cela n’entrave pas de mobilisations d’organisations de la société civile mais le mot d’ordre ne vient pas du MRC. Au delà la discipline, il faut aussi de l’intelligence et de la stratégie. “ tout est dans la tête avait martelé Kamto. C’est pourquoi je ne commente pas beaucoup, je ne fais plus de vidéos.
La vérité est dure mais elle est celle ci: le peuple camerounais n’est pas encore prêt pour réaliser ce que les algériens et les soudanais ont réalisé. La conscience politique émerge, le coefficient d’indocilité progresse, mais il faut atteindre la masse critique. Ce seuil nécessaire pour renverser une tyrannie comme celle de Biya. Ils savent qu’on ne la pas atteint, c’est pourquoi aucune vie ne doit tomber pour l’instant. Ce serait des vies perdues inutilement.
Nos leaders meurent actuellement en prison pour nous parce qu’ils savent très bien où ils nous amènent. Oui le changement arrive mais ce n’est pas pour demain. Je ne les insulterait et mépriserait jamais parce que je ne suis pas certain que j’aurais pu accepter les traitements inhumains et dégradants qu’ils subissent. Que dire de leurs familles. Ils méritent tout notre amour et notre respect.
Rien ne se construit dans le désordre. We love you our leaders ».