Fort de sa riche carrière et de sa patience devant ce qu’il a souvent qualifié de “gestion pas professionnelle” de notre sport roi au Cameroun, le destin offre depuis quelques temps à Samuel Eto’o, l’occasion d’être le guide suprême des décisions du football camerounais. Tel un coach, il positionne son « onze entrant » pour imprimer sa marque.
Si « les cimetières sont remplis des gens comme Samuel Eto’o », tel qu’avait déclaré Tombi A Roko durant l’une de ses périodes fortes à la Fécafoot, autant dire que les rues sont aussi bondées de personnes autrefois combattues, qui influencent aujourd’hui le cours de l’histoire sans être physiquement présents aux postes de pouvoir. Samuel Eto’o doit certainement rire de ceux qui, hier, ne vendaient pas chère sa stature de légende du football. Le jeune prodige du début des années 2000 au verbe imprudent a essuyé de nombreuses humiliations eût égard à son grand toupet, avant de devenir cet incontournable acteur du football national.
Sa carrière peut se résumer en une phrase : réussite malgré les polémiques. Aucun autre joueur camerounais ne peut se prévaloir d’autant d’attention des médias. Entre coup d’éclats et scandales, l’ancien capitaine des Lions indomptables a néanmoins réussi à garder son aura à travers le monde.
C’est un Samuel Eto’o consultant et ambassadeur qui se révèle aujourd’hui. Au début de la brouille entre le Cameroun et la Confédération africaine de football (CAF) inquiète face aux retards dans les préparatifs de la CAN 2019, le gouvernement sollicite l’entregent du "Pichichi" pour atténuer le brouillard entre Le Caire et Yaoundé. Le 9, comme l’appelle affectueusement les fans, est allé rencontrer les dirigeants de la CAF pour leur porter la parole du président Paul Biya qui a rassuré que : « le Cameroun sera prêt le jour dit ».
Sur le « chaos » à la Fécafoot, ni l’État encore moins la FIFA n’ont laissé Eto’o sur la touche. Deux de ses proches, à savoir Me Happi Dieudonné et sa collègue Ambombo Denise sont portés à la tête du Comité de normalisation composé de cinq membres. Le quadruple ballon d’or africain (2003, 2004, 2005 et 2010) prend ainsi, de façon tacite, le contrôle de la fédération. Son ombre transparaît dans plusieurs décisions. La cascade de nomination de ses proches ne saurait être un hasard, ni les sélections fallacieuses en équipe nationale où pour la première fois de l’histoire, on enregistre la convocation d’un joueur de D4.
Le fait le plus notoire est le choix, sans appel candidature, du secrétaire général Martin Etonge, autrefois radié de la Fécafoot pour « haute trahison au profit d’Eto’o ». Ensuite d’autres « joueurs » vont intégrer le 11 entrant du 9. Jean Alain Boumsong, ancien international français, d’origine camerounaise, sera nommé à tête de la commission de réforme de la Direction technique nationale qui n’a aucune expérience dans aucune administration ; Clarence Seedorf et Patrick Kluivert désignés entraîneurs de l’équipe nationale. Sur l’antenne de Radio France internationale il y a quelques semaines, le meilleur buteur de tous les temps des Lions indomptables (58 buts) n’a pas nié son implication dans le recrutement du duo néerlandais.Candidat aux électionsDans les "pipes", plusieurs éléments de l’équipe du 9 pourraient aussi intégrer l’encadrement technique. Parmi lesquels : Bill Jackson Tchato Mbiayi, ancien coéquipier en sélection, et responsable de l’académie Samuel Eto’o au Gabon qui a depuis fermé ses portes ; le journaliste émérite Martin Camus Mimb, fidèle d’entre les plus fidèles ; et même encore Jean Alain Boumsong, attendent d’être nommés respectivement Team manager, Team press officer et préparateur psychologique. Leur sort dépend du ministre des Sports et de l’éducation physique qui a reçu les propositions du Comité de normalisation.
Suivant l’adage qui veut que « qui peut le moins peut le plus », il ne serait pas superfétatoire de penser que le Samuel Eto’o prépare un candidat pour les élections à la Fécafoot. Pour soutenir ses protégés promus et dérouler sa vision du management du football.
A Iya Mohamed, ancien président de la fédération (2000-2013), Eto’o ne manquait de réitérer à tout bout de champs : « ce n’est pas de cette façon qu’on gère le football ». De ce point de vue, le temps du 9 aurait donc sonné. Et quoi qu’actif dans l’ombre, il sait sans doute qu’il devra assumer le bilan de son « 11 entrant ».
Source : Camfoot